Le thème de l'espionnage apparaît déjà dans les références cinéma (Cf. article Cinéma) mais également dans l'utilisation de caméras de surveillance dont Frank Castorf use et abuse. Les écrans de projection se muent en écrans de contrôle sur lesquels il est possible de voir la scène qui est en train de se dérouler sous plusieurs angles différents. Ce regard intrusif est particulièrement sensible dans Siegfried, avec Patric Seibert dans le rôle du barman dont le double jeu consiste à observer les tribulations de Siegfried et Brünnhilde et prendre des notes pour un mystérieux commanditaire dans une arrière-boutique transformée en poste d'observation. C'est une ambiance Berlin-Est qui est retracée ici – un lieu où se croisent les espions des deux blocs pour recueillir ou faire circuler des informations d'un côté ou de l'autre du mur. La poste de Fafner rappelle la fâcheuse habitude de la Stasi qui consistait à ouvrir les courriers, tandis que l'"ours" de Siegfried laisse traîner un très indiscret stéthoscope pour capter la conversation entre son maître et Mime à l'Acte I. Dès Rheingold, Patric Seibert déjà barman du Golden Motel se muait en paparazzi pour tenter de monnayer auprès de Loge les clichés compromettants montrant Alberich avec les filles du Rhin…

Une dernière allusion à la technique de l'espionnage se trouve dans l'utilisation d'images filmées avec caméra infrarouge. Cet outil permettant de détecter la présence d'individus dans l'obscurité, il n'est pas étonnant de retrouver son utilisation dans un théâtre qui cherche à donner l'impression d'un point de vue narratif omniscient…

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici