Entretien avec Calixto Bieito, metteur en scène
La force de l'humanisme
En 2016, c'est un entretien ((https://wanderer.legalsphere.ch/interview/interview-de-calixto-bieito/)) avec Calixto Bieito qui portait Wanderer sur les fonts baptismaux... Quatre ans après, nous le retrouvons à l'occasion des représentations de l'éblouissante Solveig (l'Attente) d'après Peer Gynt de Grieg sur un livret de l'écrivain norvégien Karl Ove Knausgård. Dans cet échange, Bieito nous parle de la crise qui traverse le monde culturel, de ses projets et bien sûr, du report de la Tétralogie qui aurait dû être montée à l'Opéra de Paris. Au-delà des polémiques et du vain jeu des coteries, le metteur en scène se livre à un tour d'horizon des enjeux et des perspectives de l'art de la scène. Rencontre avec un humaniste de notre temps.
Une question personnelle pour commencer : comment avez-vous vécu cette crise ?
Les deux premiers mois, je suis resté confiné chez moi à Bâle. J'étais inquiet à l'idée que mes proches et les gens que j'aime puissent être atteints par ce virus. Concernant mon travail, j'ai pris le parti de me relaxer et j'ai continué à travailler. Voyez-vous, je suis une sorte de moine, je travaille, je lis, j'écris et j'écoute de la musique. Je n'avais rien d'autre à faire, sinon attendre au milieu de mes livres. Je me suis tenu loin des actualités et de la presse. Il faut dire que les chiffres de la contamination en Suisse étaient moins dramatiques qu'ailleurs en Europe. Je trouve que la période du déconfinement est bien plus préoccupante, avec toutes ces annulations dans les théâtres, les opéras et les salles de concerts. Je n'ai pas l'habitude de parler de ce que je ne vois pas, je ne suis ni médecin, ni politicien, ni économiste… mais je pense que la institutions culturelles européennes doivent prendre soin des artistes, des musiciens, des chanteurs et des acteurs…
Quel impact a eu la crise du Covid pour vous ?
Un impact limité… J'essaie de positiver et de rester créatif compte-tenu des consignes de distanciation. Il faut essayer d'expérimenter et de tester de nouveaux dispositifs sur scène. "Soyons plus créatifs", c'est ce que je dis à mon entourage. Transformons les contraintes en quelque chose de positif. Les médecins prennent soin des gens, les économistes de l'économie et moi, je tente simplement d'être plus inventif. Je ne me plains pas du tout. J'ai appris cette leçon de mon premier mentor, Adan Kovacsics, un écrivain et traducteur d'origine chilienne et hongroise, professeur à l'université de Vienne. Je l'ai rencontré à Vilanova I la Geltrú, près de Barcelone, quand j'avais 16 ans. Nous fréquentions la même bibliothèque, nous avons fait connaissance et nous ne nous sommes plus jamais quittés depuis. Il m'a fait découvrir des artistes comme Furtwängler ou Glenn Gould… Je ne connaissais pas cette culture mais j'ai très vite compris que j'en avais besoin.
Comment avez-vous vécu l'annulation du Ring prévu à Bastille ?
Le spectacle est reporté à la saison 2023/2024. Les gens autour de moi ont tout de suite pensé "Oh… Calixto va être très triste"… La vérité, c'est que je ne le suis pas. Les choses sont comme elles sont, il faut accepter cette situation. Avec l'équipe, nous avons travaillé jusqu'à la dernière minute. Nous nous sommes réunis autour d'une coupe de champagne, en nous promettant de nous revoir aussi vite que possible et puis tout le monde est retourné chez soi. Vous voyez, mon travail c'est ma vie. Il y a deux choses qui comptent pour moi : mes enfants et mon travail. Je ne pense pas que je pourrais survivre si je devais en être privé un jour. J'ai besoin d'être en contact avec les gens, de partager des émotions – c'est la façon dont je fonctionne.
Le Ring n'est pas un opéra comme les autres. Diriez-vous que cela représentait un point d'aboutissement pour votre carrière ?
Non, je ne pense pas. J'avais pris pour habitude de dire à l'équipe : " C'est juste un opéra, pas une opération… n'ayez pas peur, tout va bien se passer !". L'ambiance lors des répétitions était extraordinaire. Mes premières réflexions concernant le Ring remontent à l'époque où j'ai monté La Vie est un songe de Calderón. Quelqu'un m'a demandé en quoi cette pièce emblématique de ce baroque espagnol très sombre, nous concernait encore aujourd'hui. Je n'ai pas su quoi répondre sur le moment, et puis en y réfléchissant, j'ai réalisé que le problème de notre monde actuel, c'est d'être submergés par un flot continu d'informations. Nous avons tellement d'informations… mais au fond, nous ne connaissons rien. Tout ça est devenu tellement vaste que nous sommes perpétuellement dans l'obscurité. Entre temps, j'ai découvert l'essai d'un jeune auteur, James Bridle : New dark age. Il est question dans ce livre de la disparition des utopies, au profit d'une course ininterrompue vers une technologie toujours plus complexe qui diminue nos capacités de compréhension. Le concept de ce Ring est d'être pour notre temps, un temps du digital et de l'obscurité. La malédiction de l'Or est comparée avec le pouvoir technologique de ces immenses ordinateurs qui détiennent ce qu'on peut désigner comme le pouvoir réel aujourd'hui.
Vous avez déjà mis en scène plusieurs opéras de Wagner. Avez-vous une relation particulière avec cette musique ?
J'ai beaucoup lu sur Wagner, sur sa vie et sur son œuvre. Il y a deux périodes, selon moi : Wagner le révolutionnaire et Wagner le génie emblématique. Quand j'étais adolescent, avec Adan Kovacsics et mon frère, nous passions tout notre temps à écouter du Wagner. On se sentait comme des héros de fiction, on se battait en écoutant ses ouvertures. Wagner est lié pour moi à ces moments très adolescents et très fusionnels avec mon frère. Il est devenu musicien professionnel et professeur au conservatoire. J'ai toujours été plus sensible à la musique de Wagner plutôt qu'à ses livrets ou même à sa philosophie… trop de blablabla à mon goût. Gérard Mortier m'a écrit une longue lettre quand j'ai monté Parsifal. Il voulait que je vienne à Madrid pour faire le Ring mais il était déjà très malade et ça ne s'est pas fait. Avec le recul, je pense que ce n'aurait pas été une bonne chose de monter cette Tétralogie à Madrid. Mortier a vécu un véritable enfer là-bas, il a été victime de campagnes de dénigrement de la part de la presse et d'une partie du public. J'ai pris position publiquement, non pas pour le flatter mais pour le soutenir. J'étais très sensible au sentiment de grande humanité qu'il dégageait.
Pour revenir à Wagner, je dois dire que j'aime beaucoup Parsifal et Le Vaisseau fantôme également – même si pour cet opéra, j'ai eu du mal à trouver un concept qui puisse me satisfaire. J'ai finalement découvert que le Hollandais était au-delà du mythe, il incarne cette solitude des gens qui voyagent seuls, les hommes d'affaires, les gens en crise perpétuelle. J'aime beaucoup également Lohengrin et Tristan… un peu moins Meistersinger. Je vais faire prochainement Tristan à Vienne et Lohengrin à Berlin. Pour le Ring, c'est différent… je ne voulais pas le faire en Allemagne, je sentais que ce n'était pas le bon endroit. Pendant les répétitions de Lear de Reimann à Garnier, Stéphane Lissner m'a fait remarquer que le Ring était une œuvre parfaite pour moi. On y trouve tout ce qui m'intéresse : Shakespeare, le théâtre, la poésie… c'est une vaste pièce de chambre d'une certaine manière. Mais décidément, non, je ne l'ai jamais envisagé comme le point culminant de ma carrière. En tant tout cas je l'espère… je veux survivre à cette épreuve ! (rires)
On a souvent dit de vous que vous étiez l'enfant terrible de l'opéra. Aujourd'hui, vous êtes connu et invité partout. On pourrait presque dire que vous êtes devenu un metteur en scène officiel, une institution. Pensez-vous que c'est vous qui avez changé ou le regard qu'on porte sur vous ?
Je n'ai pas changé, non… bien sûr, je ne suis plus le même, j'ai plus d'expérience désormais. Mais au fond, j'estime que je n'ai pas tellement changé, je veux toujours aller au fond des choses. C'est ce que m'a dit un jour Alexander Neef… on se connaît depuis longtemps et je me réjouis de le retrouver à Paris. Je pense souvent à cette phrase de Janáček quand il disait qu'il fallait se demander ce qu'il y a derrière les yeux des gens. J'essaie d'accéder à cette dimension dans mes spectacles. Je dis "mes", mais ce serait plus correct de dire "nos" spectacles, c'est un travail collectif. J'aime la manière avec laquelle un spectacle se charge progressivement d'une belle énergie, même si parfois ça implique une grande tension. Certes, il y a des productions très controversées mais je n'ai jamais l'intention de donner dans la controverse – même si c'est une réputation qui me colle à la peau. Certains interlocuteurs prennent peur quand ils me voient pour la première fois : "Oh mon Dieu… vous êtes Calixto Bieito ?" (rires) Un jour, j'ai donné une longue interview à un journaliste du New Yorker. À la fin, il était presque déçu de découvrir qu'il n'y avait rien de scandaleux dans ma vie et il s'est résolu de publier l'interview à contrecœur.
Pensez-vous que toutes vos productions peuvent être montées partout dans le monde ?
Oui, absolument. Par exemple, je vais remonter Les Soldats de Bernd Aloïs Zimmermann à l'ElbPhilharmonie, à Cologne et à Paris. C'est François-Xavier Roth qui va diriger ; on va fonctionner avec une nouvelle installation sur scène, en essayant d'aller encore plus loin dans l'œuvre et mettre en avant d'autres aspects. On a monté Tannhäuser à Hong Kong, la production a rencontré un grand succès. Ça me laisse espérer qu'il y reste encore de l'humanisme et de l'ouverture d'esprit dans le public contemporain. Mes productions au théâtre ou à l'opéra ne sont qu'une facette de mon travail. J'écris également des poèmes, et je monte des installations dans des lieux culturels, comme cette exposition au Kunsthaus de Zurich et au Musée Guggenheim à Bilbao.
Pensez-vous que la combinaison des arts soit l'avenir de l'opéra ?
Oui bien sûr, mais ce n'est pas mon idée, c'est celle de Wagner ! L'opéra et la musique de l'avenir… Quand il a monté le Ring à Bayreuth, il ne faut pas oublier qu'il était désespéré par les décors, il trouvait ça très vieux et très conventionnel. D'un point de vue extérieur, on trouve l'opéra trop élitiste. On pense que c'est un art ancré dans le passé, et c'est ridicule. Au temps de la splendeur de l'opéra, Verdi faisait des opéras populaires… L'opéra peut-être à la fois populaire, intellectuel, expérimental : c'est fondamentalement un art du futur.
Pensez-vous que l'opéra a du retard sur le théâtre parlé ?
Je ne crois pas. Aujourd'hui, les chanteurs sont extrêmement bien préparés… parfois même mieux que des acteurs. Je mets en scène du théâtre et de l'opéra ; bien sûr, l'approche est différente. Les acteurs doivent trouver la musique à l'intérieur du texte, alors que les chanteurs ont la musique qui coule dans leur sang – les jeunes chanteurs tiennent l'avenir de l'opéra entre leurs mains.
On voit votre Carmen à travers le monde entier. Que représente encore ce spectacle pour vous ?
Ma Carmen ne m'appartient plus… Il y a quelques années, on a projeté le spectacle dans un stade de baseball à San Francisco. Les gens regardaient en mangeant du pop-corn et des hamburgers (rires). Ce spectacle a fait le tour du monde.. quel dommage que je n'ai pas signé de meilleurs droits d'auteur (rires)… Je suis un mauvais vendeur et nous vivons dans une époque où règne le commerce. J'ai fait ce spectacle il y a plus de vingt ans, au Festival de Peralada. Étrangement, il n'avait jamais été monté au Teatro Real à Madrid. La première a eu lieu en 2017. Il y a eu un énorme scandale dans la presse, dans le public… je n'étais pas à la première, j'ai lu les réactions des gens qui disaient que j'avais outragé le drapeau etc. c'est complètement ridicule. J'espère que cette pandémie n'est pas le miroir de la faiblesse de notre démocratie.
Vous avez gardé des souvenirs de la dictature ?
Je ne me souviens que du jour où Franco est mort. Le gouvernement a décrété une semaine sans école, on a fêté ça ! J'ai eu la chance de recevoir une éducation totalement démocratique et tolérante. J'ai toujours pris exemple sur des pays qui ont connu la démocratie depuis très longtemps : la Norvège, la Hollande, la Suisse... Mon père nous disait une phrase étonnante, à mon frère et moi : "vous pouvez avoir des relations sexuelles avec une femme, un homme, un chien ou un chat, ce que vous voulez. Ça ne changera rien pour moi et je vous aimerai de la même façon… mais ne faites pas ça dans mon lit !" (rires)
Mon père était très tolérant. Il n'était pas particulièrement éduqué mais il s'est fait par lui-même. Il appartenait à une génération qui avait beaucoup souffert de la politique de Franco. Il avait émigré avec ses douze frères et sœurs. À la maison, il ne parlait pas trop de politique mais je me souviens qu'il évoquait toujours qu'ils avaient soufferts de la faim. Mes parents avaient une sensibilité de gauche mais ils ont jugé bon de me donner une éducation jésuite, la meilleure éducation que je pouvais avoir. J'ai transmis cet amour de la connaissance à mes enfants. Ils fréquentent les universités de Cambridge et Bristol en Angleterre. Ils viennent parfois voir mes spectacles et ils adorent ce que je fais.
Vos mises en scène fonctionnent-elles pour vous comme une catharsis, une thérapie ?
Bien sûr, c'est un art très risqué. Il s'agit de s'exprimer soi-même, de s'exposer à travers la musique. Mon travail est livré intégralement aux yeux du public, tout est sujet à interprétation. Je me souviens d'avoir visité les peintures rupestres dans les grottes d'Altamira avec mes parents. C'est un souvenir très fort. J'ai beaucoup étudié ce sujet, notamment à l'université. Il y avait beaucoup de discussions pour savoir si c'est de l'art ou pas. À l'époque, je n'y faisais pas trop attention mais aujourd'hui, je considère que cette expression est la naissance même de l'art. C'est iconique, c'est religieux, ça réfère à quelque chose… même si on ne sait pas trop à quoi. Vu sous cet aspect, l'art est une thérapie. Mais j'aime aussi qu'il ait à voir avec la beauté , une beauté qui est mouvement de transformation perpétuelle et qui transforme l'art en un mouvement perpétuel… exactement comme la vie. Je n'ai pas besoin d'une analyse pour savoir qu'il est bon aujourd'hui de penser à grande échelle et d'être généreux. C'est la clé de tout
Vous parlez souvent de beauté, de pureté. Seriez-vous puritain ?
J'aime quand l'art a à voir avec quelque chose d'authentique, d'honnête. C'est un don que j'adresse au public. Bien sûr, on a parlé des Soldats de Zimmermann, une œuvre brutale et difficile pour certaines personnes. Le livret porte en lui quelque chose d'existentiel, exactement comme dans la Tétralogie quand il est question d'inceste, de relation entre frère et sœur, de trahison et de violence. Généralement, les gens ne veulent pas voir ça, ils empruntent des chemins de traverse, ils s'émerveillent de la musique. Mais Wagner a fait de cette musique et de ces leimotives un masque qui dissimule une réalité brutale qui s'inspire directement de la tragédie antique. Wagner peut-être parfois très dur, ses œuvres ne se limitent pas simplement à la rédemption. Au-delà de l'illusion, son Ring nous parle du monde, du monde dans lequel on vit. Bien sûr, il a travaillé d'une façon très habile pour plaire au plus grand nombre, notamment grâce à la musique… On peut saisir dans la Tétralogie la trajectoire de sa vie : un homme anarchiste et rebelle au début, puis volontiers un conservateur et quelqu'un qui ne payait pas ses dettes…
J'étais surpris d'apprendre que vous aviez mis en scène la Passion selon saint Jean de Bach.
C'est une de mes œuvres préférées. Je l'aime parce qu'elle est moins parfaite que la Passion selon Saint Matthieu. Je pense qu'elle est plus humaine car moins parfaite. On a monté cette œuvre à Bilbao avec un chœur semi professionnel comme il y en a beaucoup en Espagne (ma mère chantait dans un chœur comme celui-ci). C'était très touchant de voir ces gens qui chantaient Bach. Il y a avait quelque chose de très authentique. J'espère qu'on arrivera à un résultat comparable à Paris. Je voudrais recréer l'atmosphère que Pasolini a captée dans sa Passion selon Saint Matthieu en filmant des gens qu'on peut croiser à tout moment dans la rue. C'est quelque chose qu'il est difficile de répéter d'une salle à une autre. Ce n'est jamais exactement la même chose. Je n'ai encore jamais travaillé au Châtelet, j'ignore encore comment ça va se passer et si les gens avec qui je vais travailler vont communiquer la même énergie.
Y a-t-il des œuvres qui vous intéressent et qu'on ne vous a encore jamais proposé ?
J'aimerais beaucoup monter le Requiem de Ligeti ; je discute de ce projet avec François-Xavier Roth et j'espère que ça aboutira d'ici 2 ou 3 ans. En attendant, j'aimerais bien revenir à Ödön von Horváth dont j'ai déjà mis en scène Kasimir und Karoline et Italienische Nacht. Et puis aussi, un projet auquel je pense depuis très très longtemps : Les derniers jours de l'Humanité de Karl Kraus. À ce jour, je n'ai pas encore trouvé un théâtre qui accepterait d'accueillir ce spectacle. Je connais Karl Kraus depuis mon adolescence, grâce à Adan Kovacsics. C'est lui qui a signé la première traduction espagnole du chef-d'œuvre de Karl Kraus. Je n'imagine pas un spectacle exagérément apocalyptique mais qui s'attache uniquement à montrer comment la presse, les politiciens et tous les êtres humains, peuvent déclencher une guerre à partir de rien. Je veux montrer le pouvoir d'autodestruction qui se trouve dans l'Homme.
Que lisez-vous en ce moment ?
J'ai toujours sur moi un recueil de pièces de Shakespeare en anglais. Sinon, Franck Tallis, un auteur qui a travaillé sur les troubles obsessionnels, et le De rerum natura de Lucrèce dans le cadre d'un travail que je présente au Kunstmuseum de Bâle. Durant le confinement, j'ai relu le Suicide d'Émile Durkheim et le Don Quichotte – un pur chef-d'œuvre ! Actuellement aussi, je relis L'Étranger de Camus pour mon Lohengrin de Berlin. Ce personnage n'est pas Captain America, il n'est pas le héros qu'on voit toujours. Il est plus proche de Meursault, un homme isolé du monde et solitaire.
Une parenté avec Solveig (l'Attente) ?
Solveig est une fable contemporaine, une fable qui parle de la solitude d'une femme. Je n'appartiens à aucun mouvement idéologique, j'ai grandi entouré par des femmes. Ma mère a vécu une vie très dure, elle a dû attendre d'être adulte pour pouvoir faire des études. Je ne suis pas d'accord avec les polémiques féministes ou la vague #metoo. L'essentiel, c'est l'éducation des enfants. Une éducation par la culture et les arts. C'est le moteur de tout. Solveig est une femme contemporaine, elle connait la peur de vieillir, d'avoir un enfant… Je voulais quelque chose de très simple, avec des images qui parlent de choses aussi simples que la naissance d'un enfant, la solitude d'une femme… J'avais lu quelques romans de Karl Ove Knausgård avant de travailler avec lui et Eivind Gullberg Jensen. J'ai voulu un spectacle très épuré et très touchant, j'espère que le public le recevra favorablement.
© Paco Amate
© Mara Truog