Avignon est au ralenti en ce dimanche matin d’octobre. L’été est loin, l’actualité reste assez paralysante, le couvre-feu tout juste entré en vigueur accentue cette impression. Pour autant, la Semaine d’Art vient de débuter et Jean Bellorini nous rejoint dans un café, près des remparts. Après avoir dirigé le théâtre Gérard Philipe à Saint-Denis, il est le directeur du Théâtre National Populaire à Villeurbanne, depuis le mois de janvier 2020. S’il se trouve dans la Cité des Papes, c’est pour présenter à la FabricA, Le Jeu des Ombres qu’il a mis en scène sur un texte de Valère Novarina et qui devait ouvrir l’édition 2020 du Festival en juillet, annulée en raison du contexte sanitaire. Nous étions dans la salle la veille et revenons plus précisément sur ce spectacle dans l’article qui lui est consacré sur Wanderersite. L’homme pourtant discret s’anime au fil des mots. Son regard est intense, sa voix vibrante. Il parle de cette maison dont il a pris la tête dans un contexte si particulièrement contraignant, de la place essentielle de la musique dans ses créations, dans sa vie. Il parle aussi bien sûr, de cette nouvelle création présentée toute la semaine à la FabricA et au TNP en janvier 2021, de ses projets et de sa passion pour l’art théâtral. Entretien.
Vous créez Le Jeu des Ombres à la FabricA, à l’occasion de cette Semaine d’Art en Avignon, l’horaire étant avancé mais maintenu malgré l’installation du couvre-feu. C’est la deuxième fois que vous venez à Avignon avec un spectacle, après Karamazov en 2016. Est-ce un rendez-vous important pour présenter votre travail au public ?
Il est vrai que la Cour d’honneur [du Palais des Papes] est particulièrement emblématique et mythique. C’est toujours un endroit symbolique du Festival. Il est effectivement important pour moi que cette présentation se fasse à Avignon car j’arrive en même temps au Théâtre National Populaire. Je trouvais que cela avait beaucoup de sens, je disais qu’on allait pouvoir fêter les cent ans du TNP à Avignon aussi, que tout cela coïncidait parfaitement. C’est bien entendu une déception au regard de ce qu’il s’est finalement passé. Je reconnais cependant qu’il y a des situations pires que la nôtre.
Vous voici donc avec Le Jeu des Ombres dont vous avez commandé le texte à Valère Novarina. Alors que vous vous intéressiez à la tragédie familiale avec Karamazov, vous réactivez ici le mythe orphique qui semble également figurer un hommage à l’art théâtral…
C’est ce que j’avais justement envie de dire dans la Cour d’honneur : je voulais mettre le théâtre au centre car, en définitive, quand on fait des spectacles, on ne fait que parler de théâtre. Et lui-même parle de la vie. Ma première envie était tout de même de célébrer ici les noces du théâtre et de la musique. Entremêler ces deux arts est ce qui m’importe depuis toujours. Pour la Cour d’honneur, je pensais donc à cela et à un grand mythe universel – on a toujours besoin de se raccrocher à de grandes histoires. Je souhaitais enfin passer commande du texte à un grand poète contemporain. Et tout cela réuni me semblait signifiant à la fois pour cette participation au Festival mais aussi pour le TNP.
A travers cette création, n’interrogez-vous pas en définitive ce qu’est « être acteur » ?
C’est en effet une interrogation que je poursuis depuis mes débuts. J’ai d’ailleurs commencé en étudiant l’art de l’acteur, même si j’ai tout de suite su que je préférais être de l’autre côté, celui d’où l’on regarde. Quand on est metteur en scène, on a toutefois besoin d’éprouver cet art « de l’intérieur ». Une des grandes questions – dont parle précisément la langue de Valère Novarina– est de savoir, si on pouvait ouvrir le crâne d’un acteur, ce qu’il se trouve à l’intérieur de lui tandis qu’il joue. Que s’y passe-t-il de mécanique, de chimique, d’organique ? Au fil de mon parcours, alors que j’étais beaucoup en recherche dans le cadre de mon travail avec des jeunes, je me suis toujours demandé pourquoi on parle au théâtre. Et tout cela résonne très fort avec l’œuvre de Valère Novarina. Se demander également si on apparaît ou si on disparaît quand on entre en scène. Se demander si c’est une renaissance ou bien si c’est une mort de soi pour laisser apparaître l’autre. Toutes ces interrogations me fascinent et me portent. Le théâtre est-il fondé sur un manque, sur une projection ? Je le crois, en effet : le théâtre apparaît réellement dans un imaginaire partagé entre les spectateurs et les acteurs. Il naît d’une rencontre entre le public et une œuvre plus ou moins compréhensible. Et à ce propos, ce qui me paraît important ici est que Le Jeu des Ombres est une œuvre peu claire, trouble.
Le choix de travailler avec Valère Novarina se justifie ainsi à cet égard…
Absolument. J’aime infiniment la langue qu’il utilise. Celle d’un grand poète du XXIème siècle – le plus grand pour moi. En 2003, Valère avait vu l’un de mes premiers spectacles, mis en scène avec Marie Ballet sur un de ses textes : L’opérette imaginaire. Nous l’avons ensuite joué jusqu’en 2007. Arriver au TNP, monter un spectacle pour le Festival d’Avignon avec un autre de ses textes, tout cela représente pour moi une façon de boucler une boucle, avant de recommencer avec un autre cycle. Et au milieu de ce cycle cohérent qui s’achève et où Novarina est encore très présent, il y a Rabelais. Les Paroles gelées sont justement un hommage direct à son œuvre. La question de la parole, de sa puissance, de sa polyphonie, de sa réduction qui découle de la réduction de la pensée m’intéresse vraiment. Valère nous rappelle sans cesse que la langue doit être riche et que c’est cette richesse qui permet à la pensée de grandir. C’est pourquoi Le Jeu des Ombres compte beaucoup pour moi : c’est précisément ce que je souhaite faire au théâtre.
Vous avez en partie signé la scénographie. Tout semble lié et on perçoit une grande homogénéité du spectacle dans le fond comme dans sa forme plastique et visuelle...
(Rires) C’est compliqué parce que j’ai l’impression d’être un peu totalitaire en étant aussi scénographe. Pourtant, je peux vraiment dire que ce spectacle est une création collective qui est né des acteurs. Tout y est intimement lié : de la musique au texte, à l’espace, à l’image, à la lumière. Il est vrai que j’ai justement l’habitude de créer la lumière, et si je ne le faisais pas, j’aurais l’impression de ne pas mettre en scène. Tout ce qui se passe avant est par contre, partagé et collectif. Bien sûr, je suis présent, j’impulse, je suis même au piano de temps en temps. En fait, je dirige un peu comme un chef d’orchestre, c’est-à-dire beaucoup plus à l’oreille qu’à l’intelligence. En répétition, il faut être davantage dans l’hypersensibilité, se rendre poreux à toutes les impressions qu’on reçoit. Je me sens plus musicien à ce moment précis du travail. Certes, j’ai déjà pensé l’espace mais tout peut être bouleversé. Je ne dépends de personne qui pourrait venir m’opposer qu’on l’avait décidé autrement auparavant et qu’il ne faut rien changer. Ce qui se passe au cours des répétitions relève du présent et se trouve lié à l’immédiateté du travail. C’est au moment de créer les lumières que je deviens peut-être un peu plus dirigiste. Je sais alors pourquoi je demande quelque chose de précis à un acteur. Avant cette étape, je ne suis jamais sûr d’avoir raison.
Qu’est-ce qui a guidé vos choix scénographiques pour Le Jeu des ombres justement ?
C’est un hommage au théâtre et c’était pensé pour la Cour d’honneur au départ. Pour ce mur. Pour ce grand plateau. Pour ce mur humain du public face à la scène. Quand le Festival a été annulé pour juillet, on aurait pu tout modifier, construire d’autres décors… J’ai voulu au contraire garder le projet tel quel, sans le moindre changement. J’ai vraiment souhaité conserver le fantôme de cet espace de la Cour d’honneur. Il s’agit d’un des fantômes importants du spectacle qui ranime tous les fantômes du théâtre et par là même, tous ceux de la vie que chacun peut y voir. En effet, nous sommes tous faits de nos morts, de ceux qui nous ont aimés, de ceux qui nous aiment. Ici, on remet au centre tous ceux-là.
La musique fait partie intégrante de votre dernière création. Elle semble être une composante dramaturgique toujours privilégiée, n’est-ce pas ?
Oui, et elle intervient toujours au tout début des répétitions. Je considère les acteurs et les musiciens au même endroit. Tous sont porteurs de sens et de musicalité à la fois. Ils sont, nous sommes tous au service d’un même propos, d’un même projet poétique, d’une même partition théâtrale finalement. J’aime l’idée que chacun n’a pas son couloir propre même si on peut être soliste à un moment ou à un autre. Nous avons tous notre base commune et continue. Ici, c’est tous ensemble que nous avons « cuisiné » l’écriture de Valère en dialogue avec la musique de Monteverdi.
Ce rapport à la musique vous suit toujours…
Toujours. Et même quand il n’y a pas de musique, il reste toujours la musique intérieure, le battement de cœur du spectacle.
« De la musique avant toute chose » ?
Je crois, oui. Et peut-être encore plus en ce moment. C’est la raison pour laquelle nous avons ouvert la saison au TNP avec la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton notamment, avec qui nous avions déjà organisé des ateliers à Saint-Denis. Aujourd’hui, on ne sait plus mettre les mots, exprimer clairement ce que l’on pense. En tant qu’artiste, j’ai souvent envie de me taire. Tout le monde a son avis, tout a la même valeur et on finit par en dire trop. Non seulement la musique soigne mais elle ouvre également l’espace qui tout d’un coup, permet à la langue d’apparaître et à partir de laquelle peut naître la pensée. Cette pensée étonnante obtient ainsi la possibilité de se renouveler, de se démultiplier.
Dans Le Jeu des ombres, vous convoquez le mythe d’Orphée que vous placez de cette manière au commencement de votre parcours au TNP. Orphée, c’est aussi une figure de la transgression, de l’ultime prise de risque. Celui qui fait le choix de la vie dans sa plénitude, comme vous le dites en substance. Faut-il y voir de votre part, une méditation sur notre présent ?
Lorsque j’ai imaginé ce projet il y a bientôt deux ans, il résonnait plus comme une façon de célébrer une forme de désobéissance. Oui, il se retourne parce qu’il a envie de vivre complètement. Et il perd Eurydice pour l’éternité mais il l’aura en lui pour toujours. Il y a bien une résonance avec le présent même si le spectacle ne se réduit pas à ce propos-là. Pour moi, Orphée n’est pas un impulsif et ne désobéit aveuglément : il opère un choix après avoir longuement réfléchi.
Vous êtes arrivé à la tête du TNP en janvier 2020. Cette prise de fonction n’a certainement pas été simple pour vous…
Et elle ne l’est toujours pas. Cependant, elle nous permet d’aller plus vite sur un certain nombre de points, de nous rencontrer différemment avec l’équipe en place et de renouveler tout, tous ensemble. Comme si nous redémarrions collectivement une autre histoire au même moment. Je ne cache pas que cette période est longue, que cela devient difficile à tenir dans le temps. Le moral n’est pas toujours au beau fixe. Cela me préoccupe car je considère que diriger un théâtre, c’est s’occuper vraiment des gens qui le font. Un directeur de théâtre artiste est empreint du lieu dans lequel il va créer, des gens qui y œuvrent. Pendant les six premiers mois, il m’a été difficile de ne pas pouvoir m’attacher à voir ce qui fonctionnait, tant j’étais absorbé ailleurs. On prendra donc plus de temps pour arriver à ce que je souhaite mais je suis content des relations que nous avons tous nouées, dans ce temps de crise. Concernant le public, je considère que je ne le connais pas encore suffisamment, que je ne l’ai pas assez rencontré même si nous avons tenté plusieurs choses comme des ateliers au mois de juin lorsque nous répétitions Le Jeu des ombres. C’est difficile dans un lieu comme le Théâtre National Populaire, avec ce qu’il véhicule d’imaginaire sur un vaste public, d’être obligé de proposer un théâtre intimiste pour des formats corona-compatibles. Nous allons là, à l’inverse du projet même de ce lieu.
Votre première saison est riche néanmoins, comme Wanderer l’a souligné pour sa présentation en juin. Comment l’avez-vous pensée ?
Elle s’inscrit dans la continuité du projet avec lequel je suis arrivé au TNP. Elle est marquée par des fidélités à des artistes que j’ai connus à Saint-Denis par exemple, et dont je sais l’engagement personnel sur le territoire. Pouvoir m’appuyer sur eux à l’endroit de la création comme à l’endroit de la transmission va assurément m’aider. Cela permettra aussi au TNP d’être un théâtre de service public, qui revendique le théâtre d’art et sa raison d’être. Il s’agit alors de réunir dans la salle le plus grand nombre, une assemblée théâtrale, une assemblée de solitudes qui ne se ressemblent pas. Et de se demander ce qu’il convient de présenter pour que cela résonne différemment pour chacun. Cette interrogation m’a guidé pour choisir des œuvres lisibles à tous les niveaux et portées par des artistes qui accompagnent la transmission de leurs œuvres. Comme Margaux Eskenazi, jeune metteure en scène qui construit souvent ses spectacles à travers la rencontre avec des citoyens ; Lilo Baur qui mène souvent des ateliers et qui a travaillé à l’ENSATT l’an passé ; Thierry Thieû Niang que j’aime beaucoup et qui sait transmettre lui aussi son art à tous, à ceux qui sont en difficulté en particulier ; Sonia Wieder-Atherton qui a construit toutes ses odyssées à travers la rencontre des publics. Je crois fermement que la création est liée à la rencontre avec le monde. Par conséquent, je me suis appuyé sur des artistes avec qui nous partageons cette conviction. Mon projet avec la Troupe éphémère que je poursuis, s’inscrit également dans cette démarche. Il y aura une authentique création présentée au cœur de la saison, au Grand-théâtre, avec ses trente-quatre comédiens amateurs. Les cent ans du TNP seront fêtés notamment grâce à ce projet en cours qui sera un hommage à Firmin Gémier à partir de ses textes. Concernant le centenaire, le fait d’accueillir Georges Lavaudant et son Roi Lear, le fait que Christian Schiaretti puisse également créer son spectacle Jeanne en ce moment [L’entretien a été réalisé avant l’annonce du confinement le 28 octobre], je peux dire que toute la saison se décline autour de cet anniversaire. J’aimerais beaucoup continuer à développer un partenariat avec la Maison Jean Vilar à Avignon, qui est en train de créer une exposition au TNP à partir des notes de Jean Vilar. Je souhaite aussi nouer le plus de collaborations possible avec les lieux les plus près de la région comme avec d’autres plus éloignés. Si je devais résumer mon projet, je dirais effectivement que c’est celui d’un théâtre à la fois le plus proche et le plus lointain avec des artistes comme par exemple, les actrices brésiliennes qui viendront à la fin de la saison, accompagnées par Ariane Mnouchkine.
Pour finir, quels sont vos projets, vos espérances ?
J’ai toujours du mal à me projeter avant que les choses ne parviennent à éclore. C’est ce qui est en train de se passer avec Le Jeu des ombres avec Valère : le spectacle arrive, enfin ! Bien sûr, il y aura ma prochaine création avec la Troupe éphémère au mois d’avril. J’ai également un projet à l’étranger pour donner au TNP la possibilité de collaborer avec des institutions internationales : pour fêter l’anniversaire de Molière, je vais mettre en scène un Tartuffe, à Naples, en 2022, en italien. Il sera créé au Teatro Stabile di Napoli avant de venir tout de suite après au TNP. Voici les deux projets concrets que j’ai en tête pour le moment. Je pense proposer aussi une création avec des acteurs français mais il est encore un peu tôt pour en parler. Nous avons besoin de grands spectacles, joyeux, qui nous donnent de l’énergie. Ma plus grande espérance aujourd’hui est que le théâtre continue à exister, que nous puissions continuer à accueillir au TNP les artistes comme très prochainement Joël Pommerat avec le magnifique Ça ira (1) Fin de Louis [L’entretien a été réalisé avant l’annonce du confinement le 28 octobre]. Vous savez, au fond, le théâtre populaire tel que je le rêve pour les cent ans à venir, ce n’est qu’avec des spectacles comme Ça ira. Ce serait un théâtre citoyen, un théâtre conscient du monde. Quoi qu’il en soit, dans le contexte actuel, nous avons décidé de ne rien annuler en remontant les horaires. Nous allons profiter de ce moment inédit pour trouver aussi une nouvelle manière de faire pour accueillir des gens qui n’allaient pas au théâtre auparavant. Cela ne fera que confirmer la nécessité de l’art, et du théâtre particulièrement.
Le Jeu des ombres, création du 23 au 30 octobre 2020 à la FabricA, dans le cadre de la Semaine d’art, Festival d’Avignon ; du 6 au 22 novembre 2020 aux Gémeaux – scène nationale de Sceaux ; du 6 au 8 janvier 2021, au Quai – CDN d’Angers Pays de la Loire ; du 14 au 19 janvier 2021, au Théâtre National Populaire à Villeurbanne ; les 5 et 6 février 2021, au Grand Théâtre de Provence à Aix-en-Provence ; du 10 au 13 février 2021, à La Criée – Théâtre national de Marseille ; du 17 au 19 février 2021 à Anthéa-Antipolis Théâtre d’Antibes ; du 24 au 26 février 2021 à la Scène nationale du Sud-Aquitain à Bayonne ; du 23 Au 26 mars 2021, au ThéâtredelaCité – CDN de Toulouse Occitanie ; le 6 avril 2021, à l’Opéra de Massy ; du 14 au 16 avril 2021, au Théâtre du Nord – CDN Lille Tourcoing Hauts-de-France ; les 21 et 22 avril 2021, au Théâtre de Caen ; du 18 au 20 mai 2021, à la MC2 de Grenoble ; les 27 et 28 mai 2021, au Liberté – Scène nationale de Toulon.
Onéguine d’après Pouchkine, création au TGP de Saint-Denis en mars-avril 2019, du 1er au 3 décembre 2020, au Théâtre de l’Archipel – Scène nationale de Perpignan ; les 14 et 15 janvier 2021, au Théâtre de la Coupe d’or – Scène conventionnée de Rochefort ; du 18 au 22 janvier 2021, à la Coursive – Scène nationale de La Rochelle ; du 23 février au 3 avril 2021, au Théâtre National Populaire à Villeurbanne.
La création de la Troupe éphémère, au Théâtre National Populaire, Grand Théâtre – salle Roger Planchon, les 27 et 28 avril 2021.
© Rolland Quadrini/KR Images Presse (Répétition le Jeu des ombres au TNP)
© Michel Cavalca (Bellorini, Portrait2)
© Pascal Victor (Le Jeu des ombres)