Comme le précise Jean Bellorini, elle commencera avec Peter Brook pour s’achever avec Ariane Mnouchkine. Deux noms qui encadrent une période s’annonçant particulièrement féconde. Deux noms qui résonnent ici joyeusement l’un avec l’autre. Et c’est de cela qu’il s’agit encore pour Peter Brook dans Shakespeare Resonance les 18 et 19 septembre. Avec Marie-Hélène Estienne, il proposera alors un état de recherche autour de La Tempête de Shakespeare avec des étudiants en théâtre, tout cela au terme d’un atelier de deux semaines dans lequel ils seront accompagnés entre autres des comédiens de Why ? spectacle programmé dans la continuité. Fidèle à sa recherche du dépouillement et de ce qui constitue l’essentiel du théâtre, Peter Brook se concentre avec Why ? sur l’essence même de l’art théâtral, sur ce qui pourrait toujours en faire une arme révolutionnaire. Une réflexion profonde et très certainement non dénuée de drôlerie, comme à l’accoutumée avec le metteur en scène britannique. À voir fin septembre au Grand Théâtre, salle Roger Planchon.
Une large place est bien entendu réservée à la création dans les spectacles à venir. Au fil des mois, on pourra voir par exemple en novembre, Jeanne d’après Charles Péguy, dans une mise en scène renouvelée de Christian Schiaretti faisant toujours entendre la langue du poète, dans les pas de Jeanne d’Arc ; en janvier, La Réponse des Hommes de Tiphaine Raffier, artiste associée au TNP, abordera les œuvres de miséricorde énoncées dans l’évangile de Mathieu ; toujours en janvier, Jean Bellorini ayant choisi pour sa première création en tant que directeur, Le Jeu des Ombres de Valère Novarina, mêlera langage et musique pour une relecture du mythe orphique dans une collaboration artistique avec Thierry Thieû Niang ; en mars, Two Old Women dans une mise en scène de Lilo Baur, d’après le texte de Wilma Wallis, questionnera notre monde dans son devenir notamment écologique ; pour sa part, Laurent Pelly montera Harvey de Mary Chase, comédie entre ombre et lumière avec Jacques Gamblin ; fin mars, Le Roi Lear sera mis en scène par un autre ancien directeur du TNP, Georges Lavaudant interrogeant une nouvelle fois la célèbre tragédie shakespearienne ; enfin, en avril, la première troupe de théâtre éphémère du TNP constituée par Jean Bellorini à son arrivée début 2020, présentera son travail sur le grand plateau. Composée de jeunes amateurs originaires de Villeurbanne et des environs, cette troupe doit contribuer à former des « citoyens poètes ». Pleinement intégrés à la vie du théâtre à travers cette expérience unique, ces jeunes comédiens obtiennent ainsi une réelle possibilité d’enrichissement fidèle à l’esprit fondateur du Théâtre National Populaire.
La saison prochaine sera aussi l’occasion de retrouver des artistes attachés au TNP comme Joël Pommerat et la compagnie Louis Brouillard avec Ça ira (1) Fin de Louis – compagnie nationale associée – ou Macha Makeïeff, directrice du Théâtre National de la Criée à Marseille – centre dramatique national associé – qui présentera Lewis versus Alice en mai. En janvier, la troupe de la Comédie-Française reviendra même dans le quartier des Gratte-Ciel avec Hors la loi, texte et mise en scène de Pauline Bureau à propos du procès de Marie-Claire Chevalier, jugée pour avoir avortée à la suite d’un viol et défendue par Gisèle Halimi. Un rendez-vous événement à ne pas manquer.
D’autres temps forts s’annoncent encore avec de nombreux artistes invités : la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton qui aura carte blanche pour trois concerts entre le 24 septembre et le 3 octobre ; des spectacles à voir en famille parmi lesquels Incertain Monsieur Tokbar de Michel Laubu et Emili Hufnagel en décembre, jusqu’en juin avec Les Trois Mousquetaires, La Série – Cycle 1 – Le Temps de l’Honneur du Collectif 49 701 d’après Alexandre Dumas ; le traducteur et poète André Marcowicz aura lui aussi carte blanche pour quatre soirées afin de faire mieux connaître l’œuvre de Françoise Morvan et la poésie russe, du 10 au 13 mars ; on pourra découvrir Onéguine, dans la mise en scène de Jean Bellorini d’après Pouchkine au Petit théâtre du 23 février au 3 avril mais également Nous sommes repus mais pas repentis à partir de Déjeuner chez Wittgenstein de Thomas Bernhard, mis en scène par Séverine Chavrier, du 5 au 8 mai. Notons par ailleurs que cinq spectacles seront accueillis dans le cadre de la Biennale de la danse fin mai début juin.
La programmation se termine par As Comadres proposant une collaboration exceptionnelle d’Ariane Mnouchkine avec des artistes brésiliennes, prenant appui sur la pièce de Michel Tremblay dans l’adaptation de Renée Saint-Cyr intitulée Belles-Sœurs. Un grand moment sur la scène du Grand théâtre que nous ne manquerons certainement pas.
Pour une première saison qui certes « reste encore une énigme dans sa réalisation », reconnaissons que toutes les propositions de Jean Bellorini attisent vraiment nos envies de théâtre, en contention depuis le mois de mars dernier. Et pour les satisfaire, c’est avec une grande joie que Wanderer reviendra prochainement au TNP.