EXIT ABOVE
after the tempest/d’après la tempête/naar de storm

Chorégraphie
Anne Teresa De Keersmaeker

Créé avec et dansé par 
Abigail Aleksander, Jean Pierre Buré, Lav Crnčević, José Paulo dos Santos, Rafa Galdino, Carlos Garbin, Nina Godderis, Solal Mariotte, Meskerem Mees, Mariana Miranda, Ariadna Navarrete Valverde, Cintia Sebők, Jacob Storer

Musique 
Meskerem Mees, Jean-Marie Aerts, Carlos Garbin

Musique interprétée par 
Meskerem Mees, Carlos Garbin

Scénographie 
Michel François

Lumière 
Max Adams

Costumes 
Aouatif Boulaich

Texte et paroles
Meskerem Mees, Wannes Gyselinck

Dramaturgie
Wannes Gyselinck

Direction des répétitions
Cynthia Loemij, Clinton Stringer

Production
Rosas

Coproduction
Concertgebouw Brugge (Bruges), De Munt / La Monnaie (Bruxelles), Internationaal Theater Amsterdam, Le théâtre Garonne (Toulouse), GIE FONDOC OCCITANIE (Le Parvis Tarbes, Scène nationale ALBI Tarn, Le Cratère Alès, Scène nationale Grand Narbonne, Théâtre Garonne)

Première mondiale
31 mai 2023, Théâtre National Wallonie-Bruxelles, Bruxelles
présenté par Théâtre National Wallonie-Bruxelles, De Munt/ La Monnaie, Kaaitheater et Kunstenfestivaldesarts

Stockholm, Dansens Hus (Elverket), mercredi 30 août 2023,

Le blues, la marche, la beauté et le chaos. Anne Teresa de Keersmaeker confronte une nouvelle fois sa grammaire et sa lecture-dansée très fine de la musique avec un groupe de jeunes danseurs. Un état des lieux du monde assez noir, avec deux visions en opposition, d’où émergent malgré  tout, encore (mais pour combien de temps ?) une harmonie et une volonté de mouvement commun.

Disons-le d’entrée de jeu, Anne Teresa de Keersmaeker est, dans une approche très subjective, la dernière grande de la danse encore en activité, le meilleur rejeton fertile de Pina Bausch, produisant encore et toujours des œuvres d’une grande intelligence, extrêmement pertinentes. Il faut sans cesse le répéter car si elle fut presque tout de suite reconnue et soutenue, elle a eu ses moments de disgrâce (relative mais, tout de même, imagine-t-on Wuppertal annuler son partenariat avec le Tanztheater ??) au niveau des institutions et même une certaine désaffection auprès d’un certain public, malgré une production toujours aussi ambitieuse, aussi intellectuelle que charnelle et à mille lieues des recettes à faire du fric et du show de bien des chorégraphes et compagnies. C’est à n’y rien comprendre… Et si Merce Cunningham et Pina Bausch, magnifiques jusqu’au bout, mais sclérosés tout de même dans un système, n’ont jamais pâli dans la faveur du public, Keersmaeker et Rosas et, donc, une certaine idée de la danse, furent un temps sinon éclipsées du moins un peu voilées. Une danse intimement et même intrinsèquement liée à la musique (en cela l’anti-Merce Cunningham), une modernité qui ne fait pas fi de la grâce, et de la tradition (des ensembles, des duos…), qui valorise la singularité de l’individu et l’intègre dans une communauté, une grammaire simple mais harmonieuse qui sans rejeter totalement la virtuosité en évacue l’esbroufe pour mettre en lumière aussi les respirations, les ralentissements, les sorties de piste de l’individu, la marche, la ligne, le cercle, les spirales… toute une géométrie à la fois simple et complexe. Rosas donc.

C’est cette permanence dans la vision qui a fini peut-être par lasser une partie du public, désormais avide de nouveauté et adulant en même temps, parfois les yeux fermés, quelques anciens monstres sacrés du passé.

Il y a dans les derniers spectacles de Rosas une certaine mélancolie, une tristesse sans amertume qui se ressentait fortement dans Partita 2 (2013), en duo avec le danseur et chorégraphe Boris Charmatz. C’était en quelque sorte le Tombeau de Pina Bausch, une sorte d’adieu à la danse de la chorégraphe de Wuppertal (décédée en 2009), visualisé par un impossible dialogue entre deux générations, deux façons de faire : l’une gracieuse, cherchant le dialogue, l’harmonie et l’autre, faite de petits gestes improvisés, danse urbaine, danse-contact comme une volonté de s’abstraire du duo, voire de refuser (de manière inconsciente ?) le dialogue, par un trop plein d’individualisme, une impossibilité de se mettre au diapason de l’autre ou de chercher le compromis. Duo de danse certes, mais côte à côte, comme deux blocs de chorégraphie qui se heurtent plus qu’ils ne se rejoignent. D’où un spectacle magnifique par le sous-texte et qui nous évoquait alors Café Müllerde Pina, le duo mur/amour…

C’est encore cette lecture qui nous vient à l’esprit pour ce Exit Above, after the tempest.

Si on retrouve d’entrée la grammaire de Keersmaeker (cintres visibles, musique jouée live, jeu sur la lumière allumée et éteinte rapidement comme un refus des conditions de l’illusion théâtrale mais sans annuler pour autant ses effets), force est de constater que Rosas, d’une certaine manière, n’est plus Rosas. La troupe, qui était aussi communauté d’esprits et de corps jusqu’à la première décennie des années 2000, a changé. D’ailleurs y a‑t‑il encore une troupe ? C’est déjà la question qu’on se posait avec Golden Hours (as you like it) en 2015, adaptation littérale, en mode one shot avec des danseurs très jeunes, de la pièce de Shakespeare sur la musique de Brian Eno (premier vrai-faux découplage danse/musique à la Cunningham).

Peut-il y avoir encore une troupe dans ce monde ? Des ensembles ad hoc pour un moment hic et nunc sans doute. Avec, pourquoi pas, des piliers, venant et repartant comme la marée (ici le guitariste et danseur Carlos Garbin qui était déjà présent et détonnant dans la jeune troupe de  Golden Hours).

Un nouvel ensemble de jeunes danseurs donc qui effectivement pourraient incarner une version de la « troupe Rosas 2023 ». On reconnait des corps à la Rosas : singuliers toujours, filiformes, athlétiques ou en chair (voire portant la vie), des peaux de toutes les couleurs, des individus et non un corps de ballet. Une palette de la jeunesse en somme. Et on sent que c’est la rencontre entre Keersmaeker et la jeunesse qui est à l’œuvre ici comme avec Charmatz dans Partita 2. Est-ce que Rosas est alors toujours Rosas ou, parodiant un titre célèbre de la compagnie((Rosas danst Rosas, 1982)), est-ce qu’une incarnation de Rosas en 2023 peut danser Rosas ?

C’est la confrontation de ces deux composés chimiques, qui précipitera ou non, qui semble être le point de départ de ce spectacle. Avec toujours, en fond, la catastrophe possible puisque nous sommes dans une gestion de catastrophe (la fameuse tempête du titre).

D’où le vent (un ventilateur géant poussé sur des roulettes) agitant un tissu (ou une feuille de plastique) léger, accroché sur les cintres (d’abord posés sur le sol puis qui s’élèvent) et virevoltant sur la tête des danseurs. C’est grave et impressionnant mais c’est aussi beau, la tempête. Pour illustrer ce premier tableau qui est une présentation, la ligne, la marche, la respiration bref le temps de s’accorder, de découvrir une multitude de corps, individualisés mais ensemble.

Dans l'oeil du cyclone

La musique sera celle du blues, doux amer, majeur/mineur, musique populaire des fossés devenue mainstream, musique immobile et aventureuse((on écoutera les blues modernes de Jason Molina, qui fut pendant les années 2000 notre Neil Young et notre Bruce Springsteen, sous son alias Songs:Ohia puis Magnolia Electric Co, magnifique et ultime incarnation d’un blues des espaces, vraiment cosmique, se répétant dans des durées étonnantes (jusqu’à 7mn !) dans des albums d’une noirceur et d’une beauté confondante. On se (re)plongera dans Didn’t it Rain (2002), The Lioness (2000) ou le désormais classique The Magnolia Electric Co de 2003)), matrice sonore de toute la musique populaire qui inonde le monde depuis une centaine d’années : pop, rock, soul, musique électronique répétitive, eurodance… Il suffit de trois accords pour construire un monde positif/négatif et c’est le fil que suivra le compositeur Jean Marie Aerts ex du groupe culte belge TC Matic avec Arno et dont la musique s’incarnera aussi sur scène avec le guitariste-danseur de Rosas, Carlos Garbin, et la chanteuse-autrice-compositrice (et aussi danseuse ici), Meskerem Mees.

Le calme après la tempête

Une musique et une danse qui se construisent ensemble, frontalement, sous nos yeux., s’arrêtant brutalement pour repartir, en solo ou en couplet. D’une base de corps, marchant et respirant sur un rythme qui est aussi mélodie, le riff, produit par la guitare à résonateur type dobro (popularisé par la pochette de Brothers in Arms de Dire Straits) joué en direct, le son se perdant dans les corps qui passent, les retournements du guitariste etc… Musique vivante comme la danse de Rosas, qui est organisme.

On reconnait encore une fois la grammaire Rosas avec ses vêtements genrés-dégenrés, robes portées indifféremment par hommes et femmes, vêtements fluides et transparents qui laissent voir le corps sans forcément ostensiblement montrer la nudité ni la refuser.

Premier point de rupture, outre de pseudos-abayas et qamis, au (dé ?)goût du jour, le groupe porte des maillots d’allure sportive, avec inscriptions ici non publicitaires mais ressemblant à ces t‑shirts slogans qui font partie de notre quotidien (on retrouve d’ailleurs les motifs typiques des archétypes de la jeunesse : licorne, chauve-souris…). En revanche ici ils s’agit, semble t‑il, des paroles des chansons en anglais, langue impériale, mais aussi en allemand rappelant la filiation du blues avec le lied et leurs thématiques communes (wanderlust, chemins et croisée des chemins, nature imposante, recueillement intérieur, exaltation et mélancolie). Du lied au blues, il n’y a qu’un pas… My walking is my dancing comme motto, la marche, danse et mouvement minimal que tout un chacun pratique. Nous sommes ici dans une œuvre scrutant le populaire.

Blues et lieder. Chants et cris. Marche et sauts.

Si on reconnaît les marches en ligne, les moments de pause, les cercles et leurs déphasages, Keersmaeker entrecoupe ses figures rituelles d’instants suspendus : des moments grimaçants, des pauses-sourires instagramables, des pauses-poses typiquement générationnelles qui donnent à valoriser l’individu dans, c’est le comble, un catalogue de poses imposées. On remarquera aussi un moment assez dérangeant de dégoût, d’ivresse et de mimes de vomissements. Sans doute le binge (drinking ou watching) d’une génération de tous les excès…

Ce sont des moments à la fois assez bien vus mais aussi plus faibles car ils sont sans doute le signe visible du regard extérieur de la chorégraphe et donc impliquent une mise à distance de Keersmaeker sur le groupe-jeune et cela rompt un peu l’harmonie.

Toujours dans la mise en danger ou la conduite à risque, un micro tourné au centre de la scène comme lasso fait un peu peur, angoisse accentuée par l’obscurité qui se fait. Enregistrement de l’espace de la scène, vrombissement créé live et toujours la géométrie du cercle, fondamental chez Rosas (forme unitaire simple, tracé d’une ligne courbe parfaite qui se rejoint, nombre irrationnel transcendant…).

D’ailleurs, au sol, avec des couleurs, est dessiné ce qui nous paraît être l’ensemble des lignes et courbes tracées par les pas des danseurs. Œuvre cabalistico-géométrique comme on en voit tant sur les tatouages d’une jeunesse férue de graphisme cutané. Dans l’optique Rosas, c’est aussi le tracé rendu-visible (comme la danse rend visible l’organisation de la musique) d’une géométrie-musique des sphères incarnée par le corps des danseurs. On pense ici aux derviches tourneurs (mais aussi au chorégraphe Tero Saarinen) dont Rosas s’inspire aussi : ces danses particulières dont l’axe de rotation est l’épine dorsale((selon Franco Battiato et son Volio vederti dansare)) et dont les révolutions évoquent celles des planètes. Si on rêve de voir un jour une danse de derviches d’en haut, Rosas donne à voir ces traces d’ellipses, ces orbites des planètes et de leurs satellites, comme métaphore des constitutions de groupes humains. Des attractions désastres comme le chantait Etienne Daho.

Géométrie de l'espace

Autre moment réjouissant, outre des moments de danse totalement Rosas, l’intégration de mouvements de danse urbaine, voire d’acrobatie circassienne dans le vocabulaire Rosasien. La jeunesse 2023 danse Rosas en somme. Là où il y avait rencontre impossible comme une date Tinder mal calibrée avec Charmatz, dans Exit Above, le lexique Rosas infuse dans l’ensemble des corps et en résulte un doppleganger (encore un motif de lieder romantiques) intéressant et complexe. Comme si le dialogue générationnel était encore possible.

Danse urbaine et improvisation vs chorégraphie à la Rosas

Reste qu’on est dans la catastrophe, sans qu’elle soit clairement identifiée. C’est donc qu’elle est sans doute multiple, comme nous avons pu déjà le repérer. Les motifs typiquement New Orleans de paroles évoquant l’inondation rappellent les enjeux environnementaux omniprésents, source d’angoisse, de volonté de se battre, de découragements, d’initiatives solitaires et communautaires, d’aveuglement dans la jouissance sauve-qui-peut aussi. Il n’y a pas que les catastrophes naturelles, mais aussi les désastres intimes d’une jeunesse à la fois très libre dans son expression et plongée dans un mal-être profond qui alerte d’ailleurs toute la communauté éducative et sanitaire. « Sign o times », chantait Prince…

On sait que Keersmaeker aime le théâtre et a toujours sinon flirté voire joué franc-jeu avec. On se souvient d’un étonnant et enthousiasmant Kassandra, speaking in twelve voices (2004) qui n’avait pas trouvé son public, venu pour « voir de la danse », semble-t-il, et qui n’avait vu ni le théâtre… ni même la danse ! Exit Above nous a fait penser à Golden Hours (as you like it), en 2015, qui suivait presque mot à mot le texte de Shakespeare, sans pourtant qu’un mot soit prononcé (j’exagère, je crois qu’un mot ou un cri échappait au jeu à la Queneau). Performance étonnante qui montrait que Keersmaeker, la reine du donner à voir la musique par la danse, savait, aussi, danser le mot.

C’est le même geste ici puisque les textes chantés, et projetés sur l’écran noir du fond, sont mis en danse, comme on dit mis en scène.  Comme pour la lecture de la pièce de Shakespeare qui n’était pas un prérequis pour apprécier Golden Hours (as you like it) (mais qui pouvait décupler le plaisir du spectateur), on peut choisir d’écouter sans comprendre, de regarder les mouvements sans en chercher le sens mais c’est dommage car diablement bien fait.

D’ailleurs le diable est de la partie, comme dans tout bon blues, à la croisée de chemins, comme pour Faust déjà, pour donner de l’habileté au bluesman comme dans la légende de Robert Johnson, figure tutélaire de la pièce avec son Walking Blues qui irrigue (et ouvre ?) Exit Above.

On joue d’ailleurs avec le feu de l’enfer lors d’un moment sans spotlights avec des flammèches rapidement éteintes qui zèbrent l’espace. La jeunesse est friande de cirque et de magie…

Outre la musique enregistrée (électroacoustique, musique répétitive couvrant aussi l’eurodance et la techno) et la musique jouée live par Carlos Garbin, les blues sont interprétés par Meskerem Mees chanteuse-autrice-compositrice flamande d’origine éthiopienne qui a le swing et ce qu’il faut pour habiter la chanson et y mettre son âme (toujours le pacte faustien du blues) tout en se mettant de côté, du moins en se fondant dans le groupe. D’ailleurs, comme le guitariste, elle danse presque autant que les autres et, par le truchement d’un micro très discret, elle EST le corps chantant de l’ensemble dansant. Elle possède une voix totalement adaptée aux visées du spectacle : expressive mais en même temps un peu blanche, très juvénile. Meskerem Mees ne cherche pas la virtuosité mais à incarner son texte par la voix sans chercher à tirer la couverture à elle bien qu’elle porte une grande partie du sens du spectacle, tout comme le guitariste que l’on perd parfois de vue,  comme on perd aussi, c’est fatal, chacun des interprètes puisque chez Keersmaeker, le groupe est sans cesse en composition, décomposition, recomposition et que la sortie de l’orbite, du jeu, fait partie du jeu lui-même.

Meskerem Mees. Messing around

Au total, Exit Above n’est clairement pas l’œuvre maîtresse de Keersmaeker mais un retour aux sources (à prendre dans tous les sens du terme) car danser le blues n’est pas danser la musique spectrale de Grisey (Vortex Temporum en 2013 : tout simplement bluffant), mais pas moins intéressant car toujours fait avec cœur et intelligence.

C’est surtout une tentative réussie de dialogue avec la jeunesse sur le monde tel qu’il va (mal). On est une fois de plus saisi par la maestria de la dame, sa profonde compréhension de la musique révélée par la danse, son amour du groupe, des individus, par la profonde mélancolie, de plus en plus présente dans son œuvre, par sa vision d’un monde qui s’éloigne de la beauté alors que c’est ce qui lui est sans doute le plus nécessaire pour avoir envie de le sauver. C’est bien dansé et surtout incarné par des individus qui n’hésitent pas à sortir du jeu et de la chorégraphie si c’est trop dur (la jeune femme qui nous semblait enceinte). L’humain avant tout en quelque sorte. Keersmaeker est une chorégraphe qui pense et qui le danse : elle est essentielle.

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Guillaume Delcourt
Il collabore, en amateur revendiqué, depuis les années 2000 à divers médias, de la radio associative à la programmation et l’organisation de concerts, festivals et happenings (Rouen, Paris, Stockholm) dans les champs très variés de la musique dite alternative : de la pop à la musique électro-acoustique en passant par la noise et la musique improvisée. Fanziniste et dessinateur de concerts, ses illustrations ont été publiées dans les revues Minimum Rock n’ Roll et la collection Equilibre Fragile (revue et ouvrages) pour laquelle il tient régulièrement une chronique sur la Suède. Il contribue, depuis son installation sous le cercle polaire, en 2009, à POPnews.com, l’un des plus anciens sites français consacrés à la musique indépendante. Ces seules passions durables sont À La Recherche du Temps Perdu de Marcel Proust, les épinards au miso et la musique de Morton Feldman. Sans oublier celle de Richard Wagner, natürlich.

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