Anton Bruckner (1824–1896)

Symphonie n° 5 en si bémol majeur, WAB 105

Adagio – Allegro (si bémol majeur)
Adagio. Sehr langsam (très lent) (ré mineur)
Scherzo. Molto vivace (ré mineur)
Finale : Adagio – Allegro moderato (si bémol majeur)

Berliner Philharmoniker

Kirill Petrenko, Direction

Lucerne, KKL, mercredi 28 août 2024, 19h30

Si l’année 2024 marque les 200 ans de la naissance de Smetana et les 150 ans de sa mort, elle marque également les 200 ans de la naissance de Bruckner et les Berliner Philharmoniker pouvaient difficilement laisser échapper un tel anniversaire. Depuis l’intégrale de Karajan, les Chefdirigenten qui lui ont succédé à Berlin, que ce soit Claudio Abbado ou Sir Simon Rattle, ont certes abordé Bruckner, mais en interprètes sélectifs de sa musique et avec divers orchestres : Abbado a dirigé les symphonies, 1, 4, 5, 7 et 9 même si son dernier concert (et dernier disque) était la symphonie n°9 avec le Lucerne Festival Orchestra  et Sir Simon Rattle a abordé Bruckner au concert mais a préféré s’y confronter de manière régulière au disque avec le LSO dont il a produit plusieurs enregistrements (les symphonies 4, 5, 7, 8).
Plus que les « Chefdirigenten » ce sont d’autres chefs familiers des Berliner, comme Daniel Barenboim qui a publié avec les Berlinois une intégrale Bruckner chez Warner ou Christian Thielemann dans plusieurs programmes de concerts qui ont porté la flamme brucknérienne. D’ailleurs l’intégrale Bruckner que l’orchestre a publiée, la première depuis Karajan, affiche huit chefs différents, Seiji Ozawa, Paavo Järvi, Herbert Blomstedt, Bernard Haitink, Mariss Jansons, Christian Thielemann, Zubin Mehta, Sir Simon Rattle, où seul Sir Simon rattle a été leur Chefdirigent et c’est un signe.
Dans les quinze dernières années, la Symphonie n°5 a été exécutée trois fois par les berlinois, Haitink en 2011, Harding en 2018, Blomstedt en 2021. La présente est la quatrième, et c’est le premier Bruckner abordé par Petrenko avec son orchestre qui annonce une intégrale. C’est donc en quelque sorte, une entrée en Bruckner d’un Petrenko qui jusque-là n’était pas entré dans la cathédrale avec les Berliner, même s’il a dirigé en juin la même symphonie avec le GMJO (Gustav Mahler Jugendorchester).

 

 

La Symphonie n°5 de Bruckner ainsi que In Schrift de Wolfgang Rihm peuvent être écoutés sur Digital Concert Hall qui retransmet le dernier concert donné à la Philharmonie de Berlin le 14 septembre 2024.


En se confrontant à la 5e symphonie d’emblée Kirill Petrenko se confronte à l’univers symphonique brucknérien par la face abrupte. Comme il en a l’habitude il s’y est déjà rodé avec un autre orchestre, avec le GMJO en juin dernier, profitant d’un orchestre de jeunes non encore cimentés par la tradition mais au contraire par la seule envie de faire de la musique ; avec eux, il est possible de tout explorer.

© Stephan Rabold / Berl.Phil.

La 5e symphonie, créée à Graz le 9 avril 1894 par Franz Schalk a été l’objet d’un long processus de composition, entre 1875 et 1879 avec des interruptions dues essentiellement à au travail de Bruckner à l’université de Vienne. Désirant accéder à une chaire de professeur, il usa d’ailleurs de la partition de la cinquième symphonie comme exemple pratique de ses capacités en matière de composition et d’art du contrepoint. Il disait lui-même « ce que j’ai fait de mieux en matière de contrepoint ». Harry Halbreich appelait cette symphonie une « gigantesque cathédrale sonore » et elle est considérée comme une authentique « profession de foi ». Quoi de plus logique pour Petrenko d’inaugurer son Bruckner avec cette symphonie, comme un signe qui va sceller son avenir brucknérien, plutôt que par les plus fréquentes quatrième ou septième.
À noter que la première exécution à Lucerne, en 1952, avec le Schweizerisches Festspielorchester, ancêtre du LFO, fut dirigée par Paul Hindemith remplaçant Wilhelm Furtwängler malade. Wilhelm Furtwängler fut l’une des colonnes portantes qui firent de Bruckner un des compositeurs phares du répertoire berlinois. C’est d’ailleurs à peu près au moment où la cinquième fut créée (1894) que Bruckner commença à être porté par les berlinois, sous l’impulsion d’Arthur Nikisch à partir de 1895. Karajan maître du son comme de l’univers musical à son époque en signa une intégrale encore considérée comme fondamentale, Eugen Jochum brucknérien de légende les dirigea aussi et il en reste des enregistrements inoubliables. Plus récemment nous avons cité en introduction Abbado, Rattle ou Thielemann, mais, si l’on s’en tient à Abbado, s’il dirigea Bruckner, il ne fut jamais considéré comme « Brucknérien », au contraire d’un Carlo Maria Giulini, dont personne ne parle plus on se demande bien pourquoi.
Même si Bruckner est aujourd’hui particulièrement fréquent dans les programmes, il reste moins populaire que Gustav Mahler projeté par Bernstein dans les années 1970 sur la scène musicale mondiale. Si Mahler est associé aujourd’hui à Bernstein et Abbado encore indétrônés, Bruckner pour les amateurs, c’est Karajan, Jochum et évidemment Celibidache à qui les mélomanes vouaient dans ma jeunesse un véritable culte, mais dans les dernières décennies du XXe, il faut aussi ajouter Haitink et naturellement Günter Wand aujourd’hui vénéré, mais découvert très tard, à la fin de sa carrière et de sa vie, par les mélomanes. Pour ma part, j’entendis mon premier Bruckner par Jochum et ce fut un choc.
Au bout de cette longue histoire, où se croisent tous les géants de la baguette du XXe et des débuts du XXIe, il était donc légitime que Petrenko se saisisse de l’occasion des 200 ans du compositeur pour proposer un programme Bruckner en ouverture de saison.

Berliner Philharmoniker Kirill Petrenko 28.08.2024, Lucerne Festival 

La cinquième apparait assez singulière ne serait-ce que par les dénominations dont elle fut l’objet, Bruckner l’a appelée « fantastique », pas du tout en relation à Berlioz, elle est nommée « tragique » par August Göllerich, son premier biographe, Max Auer, l’autre biographe des années 1920 l’appelle « Symphonie des pizzicati »… la diversité des appellations indique en même temps la difficulté à la qualifier vraiment et la reconnaissance de sa nature en termes structurels aussi bien que spirituels dans le parcours symphonique brucknérien.
À part la question du contrepoint sur laquelle Bruckner lui-même a attiré l’attention, la symphonie montre des contrastes vifs de timbres et de dynamique, et une construction si architecturée qu’elle apparaît à la fois imposante et sévère, mais cette solidité de la structure « classique »  libère en même temps une force expressive peut-être jamais atteinte encore par le maître de Saint-Florian, à la fois transcendante et pathétique.

L’histoire de l’interprétation brucknérienne est à la fois riche, car on y note la plupart des grands chefs qui ont fait la musique classique depuis plus d’un siècle, et en même temps unifiée par des figures tutélaires, Jochum, Karajan, Celibidache, Wand qui ont laissé dans la mémoire collective la figure d’un Bruckner monumental dont les symphonies sont une sorte de montée vers l’empyrée sonore. Est-ce un cliché ? Est-ce un trait de cette musique, comme peut l’indiquer l’expression, à propos de la Cinquième de « Cathédrale sonore » citée plus haut.
De fait la cinquième est considérée comme une sorte de moule dans lequel a pris place la figure de Bruckner, tant il a soigné la composition, tant cette composition a connu aussi des moments douloureux notamment dans le rapport du compositeur au milieu viennois pour s’imposer comme grand symphoniste. D’un autre côté, cette symphonie certainement correspond à un état d’âme profondément inscrit dans son caractère, et antérieur à la période de composition puisque les principaux motifs ont fait l’objet d’esquisses, notamment dans un fragment de symphonie en si bémol de 1869, où l’on retrouve notamment le motif initial en pizzicato..
Il y a donc quelque chose de profondément personnel, un parcours spirituel médité depuis des années qui aboutit à la mise en forme symphonique, cadrée par une forme classique en quatre mouvements, et contrairement à d’autres symphonies, sans variations notables d’éditions.
C’est l’adagio initial et plus généralement le premier mouvement qui vont donner toute la couleur à la symphonie, mais aussi les thèmes qui seront repris dans les mouvements suivants et surtout dans le finale, premier et dernier mouvements étant les moments les plus développés dans une forme qui est globalement cyclique.
C’est à mon avis cette spiritualité individuelle qui a intéressé Kirill Petrenko dans sa lecture, l’expression d’une douleur personnelle, d’une solitude et d’une singularité qui peu à peu se transcendent. Cette douleur est peut-être ce qui a induit August Göllerich à la nommer « tragique », comme l’expression d’un « génie abandonné », et c’est dans le premier mouvement que tout est déjà presque dit.

© Stephan Rabold / Berl.Phil.

C’est justement dans ce premier mouvement que le caractère de l’approche de Petrenko apparaît. Au-delà de sa précision désormais bien connue, et de la limpidité de l’approche, il y a dans ce premier mouvement à la fois un mystère insondable des premières mesures, avec ce son qui semble monter du néant, la délicatesse des pizzicati des contrebasses et en même temps leurs forte présence puis l’intervention marquante des cuivres qui suit, et qui change d’emblée la couleur, une sorte de juxtaposition presque « objective ». Petrenko joue sur les juxtapositions sonores sans ménager d’effets, et sans jamais exagérer les volumes. Il y a dans ce début une succession de diverses couleurs, scandées par les pizzicati des contrebasses, mais aussi des moments à peine effleurés aux cordes, et tout se succède avec de courts silences comme si s’offraient à l’écoute divers états d’âmes, à soubresauts, et dominés par une couleur sombre, mais pas forcément tragique. Il y a dans cette approche quelque chose qui n’est jamais appuyé, qui reste fluide, comme une sorte de tour d’horizon  où l’on cherche une voie de sortie, la sortie d’un labyrinthe psychique. J’avoue que c’est assez fascinant et en même temps inhabituel, parce que – effet de l’acoustique exceptionnelle du KKL – le son semble ici mourir, là l’expanser à l’infini, ici faire écho, là s’arrêter brutalement.  Et sans jamais préparer ou calculer un effet, comme si la partition était donnée, telle quelle, dans une sorte de nudité presque « romane ».

En effet, reprenant l’idée de cathédrale exprimée par Harry Halbreich, et gambergeant sur ces vastes nefs baroques (à commencer par Saint Florian), qui parsèment la vallée du Danube jusqu’à la Bavière, au-delà de la région de Passau dont la cathédrale est d’ailleurs un bel exemple, je me disais que si c’est l’univers visuel de Bruckner à Saint Florian, l’univers sonore ici, riche de détails de changements de couleurs, de silences et de respirations, apparaît paradoxalement plus aéré, plus épuré, une image de cathédrale, peut-être, vaste, ombrée et mystérieuse, mais romane.
Cette impression qui au-delà du passage du forte au pianissimo, du son éclatant à des cordes à peine perceptibles sans aucun sentiment de rupture, c’est l’effet des architectures de génie, qui varient les formes ou les répètent (ici les pizzicati comme substrat répétitif d’un mystère qui inonde l’ensemble, y compris quand les bois commencent à intervenir) et font chanter les volumes dans un incroyable sentiment d’unité et de fluidité. Petrenko ne donne pas l’impression d’interpréter mais d’exécuter « simplement » la partition alors que les jeux sur volumes, les silences et les variations agogiques, les tempos qui se ralentissent insensiblement, tel solo de flûte qui répond au cor, dans une sorte de vision de nature profonde, montrent une construction particulièrement élaborée tout en étant chacun des instants d’éternité et d’immense poésie. Et Petrenko veille à ce que les reprises de thème soient toujours variées, similaires sans être identiques, linéaires ou dansantes, tendues ou aériennes, où l’attention est sans cesse en éveil parce chaque détail participe d’une totalité tout en étant à chaque moment une sorte d’en soi. On joue sur éloignement et proximité, sur largeur et profondeur, et tout le discours avance presque imperceptiblement. J’ai trouvé dans ce mouvement fascinant aussi le jeu des silences qui sont dramaturgie parce que suspensions, sans être jamais arrêts, avec une ouverture qui rappelle par moment des phrases wagnériennes, d’une foi parsifalienne et d’une joie qui n’est pas sans évoquer Meistersinger…

Berliner Philharmoniker Kirill Petrenko 28.08.2024, Lucerne Festival 

L’adagio commence de nouveau par la couleur sombre des cordes en pizzicato, immédiatement suivie par le hautbois mélancolique, voire poignant (Jonathan Kelly), immédiatement reprises par le basson (Stefan Schweigert). Il y a là quelque chose qui exprime peut-être moins la souffrance que l’isolement. La question de la solitude et de l’incompréhension est déterminante dans la manière de lire l’œuvre et on retrouve ici encore la simplicité d’expression et le refus du pathos avec un tempo particulièrement lent alors que les autres mouvements sont pris plus rapidement. Mais peu à peu le tempo s’accélère insensiblement, la perspective s’élargit aux cordes. Petrenko soigne avec un grand souci de retenue la progression, par paliers, et l’arrivée d’une relative lumière. C’est ici une intimité qui s’exprime, sans détour, et sans pudeur. Et cela prend à la gorge l’auditeur parce qu’on sent que les répétitions et les retours aux thèmes, deviennent presque des hésitations, des élans qu’on reprend pour aller plus loin. Même les moments plus vigoureux, plus ouverts sont interrompus par des silences, par des suspensions qui sont des moments où le son semble non s’arrêter mais mourir.
Mais plus on avance et plus tout cela s’ouvre et sourit, s’illumine, mais avec un jeu lumineux qui n’oublie jamais l’ombre (atténuations du volume, allègements du tissu sonore, accent sur les notes basses), notamment quand la musique semble s’éteindre à la fin du mouvement, se clôturant par le pizzicato lent des contrebasses, comme une sorte d’accompagnement presque funèbre.

Le scherzo reprend en mineur un motif apparu en mode majeur dans le premier mouvement. Et ce qui frappe aussi bien en entendant le scherzo qu’en regardant le chef, c’est l’arrivée de la danse au rythme lent ou rapide, ce Ländler, qu’on retrouve chez Mahler et qui ici fait de ce scherzo un moment de mélancolie aux bois et puis plus joyeux aux limites de l’insouciant. Il y a toujours le souci de faire entendre les voix singulières des instruments, alternant une douceur réelle et une rapidité de tempo qui en l’occurrence ne sont pas contradictoires, même si cela peut surprendre, mais la capacité de l’orchestre à s’adapter à chaque demande, sans jamais montrer sa (réelle) technicité ou son (incroyable) virtuosité est simplement une systématique volonté de faire musique et seulement musique, sans jamais démontrer ou faire de l’effet. Comme toujours, Petrenko ne cherche pas à provoquer une émotion par un effet, mais par l’agencement des sons de la partition telle qu’il la lit, une partition qu’il a toujours sous son œil, comme un rail qui l’empêche de divaguer. Dans ce mouvement où prévalent la danse et la musique populaire et donc une certaine régularité et fluidité dans les rythmes, Petrenko ne s’interdit pas les contrastes de volume, les reprises, une sorte de présence tendue et dramatique toujours sous-jacente, mais en même temps les contrastes font émerger le modernisme de certaines trouvailles, et ne font jamais oublier la tension générale, sous-tendue par les pizzicati des contrebasses toujours rappel lancinant et permanent du sombre début.

 Berliner Philharmoniker Kirill Petrenko 28.08.2024, Lucerne Festival 

Le finale est une reprise des thèmes en divers agencements étourdissants mettant en relief la virtuosité des solistes de l’orchestre, qui fait écho au premier mouvement. C’est la section la plus urgente et la plus dramatique de la symphonie, avec une respiration de plus en plus large, dans un mouvement qui est l’un des plus longs de toutes ses symphonies.
Il alterne des rythmes rudes, des moments acérés voire amers et une partie finale, un choral ouvert unissant en quelque sorte les thèmes dans une lumineuse unité.
Il commence après l’intermède du scherzo à la fois souriant et retenu (Petrenko ne laisse jamais en jachère la mélancolie, ni la tension, même dans les moments joyeux), par un contraste marqué puisqu’on revient, comme lors du premier mouvement, comme lors du deuxième mouvement aux cordes pincées et sombres immédiatement relayées par la clarinette mourante (Wenzel Fuchs) et une reprise des cordes émergeant rappelant le tout début du premier mouvement.
Dans ce finale qui est combinatoire de tout ce que nous avons pu entendre, reprise de thèmes, heurts de tempos, chocs de dynamiques, et en même temps crescendo patient vers les ultimes moments intenses,
Ici tout se répond, et Petrenko donne l’ultime touche à ce premier Bruckner, en nous laissant une sorte de puzzle patiemment reconstitué qui n’a pas la rondeur habituelle ni même le côté massif ou quelquefois compact que certains chefs privilégient.
Ici tout est aéré, tout circule, et en même temps juxtaposé, où chaque thème prend sa place, comme le dialogue entre les cordes qui jouent le thème initial se heurtant avec une clarinette sarcastique, presque diabolique… et puis hautbois flûtes et cordes pincées rappellent l’adagio (2e mouvement), reprise de la clarinette diabolique relayée cette fois par l’orchestre. Tout le début du mouvement sonne sinistre, tendu, amer. On est presque au bord de Schönberg. Et puis, un silence et de nouveau une lumière apparaît. On reste toujours interdit par la précision des interventions solistes, Stefan Schweigert et Jonathan Kelly, mais aussi Wenzel Fuchs à la clarinette et Sébastian Jacot à la flûte ainsi que Vincent Vogel aux timbales, en sourdine et pourtant présentes de manière marquées, sans oublier Stefan Dohr et des cuivres à la fois étincelants sans jamais être tonitruants comme dans les dernières mesures ou entre cuivres et timbales, on a à la fois une incroyable netteté et un son « globalisé » sans jamais être massif, gardant jusqu’au bout une incroyable dynamique et une tension encore palpable. Une fin à la joie mystique et en même temps incroyablement humaine.
Ce Bruckner sonne décidément neuf par moments, presque plus XXe que XIXe, au sens où il porte le drame moins héroïquement que dans une couleur post-romantique, mais plus intérieurement, plus sèchement aussi, de manière moins démonstrative, laissant l’ombre aussi présente que la lumière et surtout ne présentant jamais la lumière ou les lumières de l’œuvre sans la présence nette et tendue des ombres en sourdine. Il en résulte une sorte de vision du tragique humain plus acérée. On n’est jamais pris par le son, mais par le ton, la couleur, les ruptures comme si Petrenko lisait en la partition une sorte d’autofiction. C’est à la fois fascinant et inattendu ; au fond nous étonner, c’est aussi ce qu’on attendait de lui.

 

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Guy Cherqui
Agrégé de Lettres, inspecteur pédagogique régional honoraire, Guy Cherqui « Le Wanderer » se promène depuis une cinquantaine d’années dans les théâtres et les festivals européens, Bayreuth depuis 1977, Salzbourg depuis 1979. Bouleversé par la production du Ring de Chéreau et Boulez à Bayreuth, vue sept fois, il défend depuis avec ardeur les mises en scènes dramaturgiques qui donnent au spectacle lyrique une plus-value. Fondateur avec David Verdier, Romain Jordan et Ronald Asmar du site Wanderersite.com, Il travaille aussi pour les revues Platea Magazine à Madrid, Opernwelt à Berlin. Il est l’auteur avec David Verdier de l’ouvrage Castorf-Ring-Bayreuth 2013–2017 paru aux éditions La Pommerie qui est la seule analyse parue à ce jour de cette production.

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1 COMMENTAIRE

  1. Je n'avais jamais réussi à faire ma conversion Brucknérienne (contrairement à être Mahlérien depuis des lustres). Récemment j'ai tourné autour des symphonies en m'appliquant à écouter les interprétations de chefs que j'aime particulièrement, en l'occurrence Thielemann et von Dohnanyi…mais je calais toujours sur la 5ème (en particulier le premier mouvement). Alors comme mon abonnement (visio) Berliner Philharmoniker annonçait la 5ème par Petrenko, que j'adore, je me suis précipité. Bon, c'était mon chemin de Damas et j'ai découvert la foi…en Bruckner ! Entièrement d'accord avec Wanderer c'est sublime. En fait je pense que je voulais être trop "sérieux" en voulant retenir les thèmes et comprendre la construction…alors qu'il faut se laisser à rêver. Le reste est pour plus tard. Vivement la suite par Petrenko et la publication de l'intégrale, s'il le fait. Bruckner aurait aussi pu dire "mon temps viendra".

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