Georg Friedrich Haendel (1685–1759)

Eternal Heaven

  1. Ode For The Birthday Of Queen Anne Hwv 74 : Eternal Source Of Light Divine
  2. Theodora Hwv 68 Pt 2 With Darkness Deep As Is My Woe Theodora
  3. The Choice Of Hercules Hwv 69 Yet Can I Hear That Dulcet Lay Hercules
  4. Hercules Hwv 60 Act 2 Joys Of Freedom Dejanira Iole
  5. Theodora Hwv 68 Pt 1 As With Rosy Steps The Morn Irene
  6. Semele Hwv 58 Act 3 Despair No More Shall Wound Me Athamas
  7. Solomon Hwv 67 Act 3 Will The Sun Forget To Streak Queen Of Sheba
  8. Susanna Hwv 66 Act 3 To My Chaste Susanna S Praise Joacim Susanna
  9. Saul Hwv 53 Act 1 Oh Lord Whose Mercies Numberless David
  10. Joseph And His Brethren Hwv 59 Act 3 Prophetic Raptures Swell My Breast Asenath
  11. Theodora Hwv 68 Pt 3 Thither Let Our Hearts Aspire Theodora Didymus
  12. Suite No 4 en ré mineur pour c1685-1759lavecin HWV 437 : 3. Sarabande (arrangement)
  13. Semele Hwv 58 Act 2 Prepare Then Ye Immortal Choir Semele Ino
  14. Semele Hwv 58 Act 2 Hence Iris Hence Away Juno
  15. The Triumph Of Time And Truth Hwv 71 Act 3 Guardian Angels Oh Protect Me Beauty
  16. Occasional OratorioHwv 62 Pt 1 Fly From The Threat Ning Vengeance Fly
  17. Semele Hwv 58 Act 1 You Ve Undone Me Ino Athamas
  18. Esther Hwv 50b Act 2 Who Calls My Parting Soul From Death Esther Ahasuerus
  19. Semele Hwv 58 Act 3 No No I Ll Take No Less Semele
  20. Semele Hwv 58 Act 2 But Hark The Heav'Nly Sphere Turns Round Ino
  21. Theodora Hwv 68 Pt 2 To Thee Thou Glorious Son Of Worth Theodora Didymus
  22. That'S So You

Lea Desandre (mezzo-soprano)
Iestyn Davies (contre-ténor)

Ensemble Jupiter
homas Dunford (Direction artistique – luth)

1CD Erato 5054197196775

Enregistré en octobre 2021 à la Chapelle Corneille, Rouen

 

 

 

Enregistré en octobre 2021 à la Chapelle Corneille, Rouen

Avec ce nouveau disque publié aux éditions Erato, le chef Thomas Dunford entouré de Léa Desandre et de Iestyn Davies nous propose un voyage vers les cieux éternels tant de fois évoqués par Haendel dans sa musique religieuse. Purs et immaculés, mais parfois aussi sombres et inquiétants, ces paradis défendus ici avec conviction et sincérité sont parfaitement accessibles, même à ceux que ce répertoire assomme ou ne fait pas immédiatement rêver.

Avec ce plein programme puisé dans le corpus haendelien où se succèdent à un rythme effréné airs et duos et quelques morceaux orchestraux, les interprètes ont souhaité mettre en avant l’un des thèmes récurrents du compositeur, celui de la spiritualité. Connu pour ses nombreux ouvrages lyriques, l’auteur d’Alcina et de Giulio Cesare a tout au long de sa carrière célébré la musique religieuse en écrivant quelques-unes de ses plus belles pièces, qu’il s’agisse du Messie, de ses Chandos ou Coronation Anthems, de ses cantates ou de ses oratorios. Bien que profondément fidèle et respectueux, croyant de surcroit, Haendel par son sens inné du théâtre et une écriture savante est l’un des rares à avoir su louer la spiritualité des textes tout en réussissant à faire cohabiter, grâce à la sacralité de sa musique, la chair et l’esprit.

Les artistes réunis ici, la mezzo Lea Desandre, le contre-ténor Iestyn Davies et le chef Thomas Dunford n’ont eu qu’à se pencher sur le vaste héritage haendelien pour composer ce lumineux album, justement intitulé « Eternal Heaven ». Paradis éternels, cieux éternels, il en est question dès le duo introductif extrait non pas d’une messe ou d’un oratorio, mais de l’Ode à la naissance de la Reine Anne, cantate écrite en 1713, où les instrumentistes de l’orchestre Jupiter, un effectif réduit idéal pour favoriser l’intimité entre le ciel et la terre, entre l’humain et le divin, exprime grâce à une sonorité pleine, la sérénité et la quiétude que génère cette composition profane commandée pour l'anniversaire de la reine Anne et le traité d'Utrecht qui mit fin à la guerre de Succession d'Espagne. Thomas Dunford est un excellent chef pour qui la musique baroque n’a pas de secret et dont les affinités avec les œuvres de Haendel sont à chaque nouvel extrait évidentes. L’énergie qui parcourt la plupart des passages vifs et agités, tels l’air d’Athamas « Despair no more shall wound me » (Semele), ou celui issu de Occasional Oratorio « Fly from the threat’ning vengeance » n’est jamais gratuite et apporte un contraste bienvenu avec les moments plus recueillis, graves et solennels que l’on retrouve dans le lamento de Theodora (« With darkness deep »), de Saul (« O Lord whose mercies numberless »), ou de The Triumph of time and truth («  Guardian angels oh protect me »). Très efficacement soutenus par une direction souple et assurée, le contre-ténor et la mezzo claire partagent conjointement ce même élan, ce même dialogue spirituel. La voix caressante et soyeuse de la cantatrice passe sans difficulté de la sourde gravité dans laquelle est plongée Theodora lorsqu’elle chante « With darknesse deep », à l’extase vocal exprimé au cours de l’air à vocalises « Prophetic raptures » (Joseph and his Brethren »), ou encore aux savoureux vertiges de la coquette Semele « No, no I’ll take no less » où la hardiesse du chant n'est pas sans rappeler l’agilité de Joyce DiDonato lorsqu’elle aborde Haendel. Le timbre désincarné, sans véritable matière oblige souvent Iestyn Davies à se réfugier dans l’aigu qu’il a limpide et facile (à défaut d’un bas medium inexistant), comme le prouve l’air du Choice of Hercules « Yet can I hear », où celui langoureux mais insipide de Saul « O Lord » qui n’est pas sans rappeler « Ombra mai fu ». Dépassé par les montagnes russes demandées dans le fameux « Hence Iris, hence away » de Semele, interprété d’une voix blanche et trouée, le chanteur s’accorde en revanche parfaitement aux couleurs de sa partenaire avec laquelle il trouve le ton juste dans plusieurs duos notamment celui de Semele « You’ve undone me » et d’Esther « Who calls my parting soul from death ». Grâce à leur conviction, à leur musicalité et à leur diction – mention spéciale pour l’anglais de Lea Desandre – le programme qui aurait pu facilement sombrer dans une play-list détox-méditation-détente avec son côté air pur venu des montagnes et son appel à la prière, parvient à nous tenir en alerte, jusqu’à la surprise finale que je vous laisse découvrir…

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François Lesueur
Après avoir suivi des études de Cinéma et d'Audiovisuel, François Lesueur se dirige vers le milieu musical où il occupe plusieurs postes, dont celui de régisseur-plateau sur différentes productions d'opéra. Il choisit cependant la fonction publique et intègre la Direction des affaires culturelles, où il est successivement en charge des salles de concerts, des théâtres municipaux, des partenariats mis en place dans les musées de la Ville de Paris avant d’intégrer Paris Musées, où il est responsable des privatisations d’espaces.  Sa passion pour le journalisme et l'art lyrique le conduisent en parallèle à écrire très tôt pour de nombreuses revues musicales françaises et étrangères, qui l’amènent à collaborer notamment au mensuel culturel suisse Scènes magazine de 1993 à 2016 et à intégrer la rédaction d’Opéra Magazine en 2015. Il est également critique musical pour le site concertclassic.com depuis 2006. Il s’est associé au wanderesite.com dès son lancement

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