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Météores et autres objets non identifiés

Promenades au Festival Constellations 2019 (Toulon, Ollioules, Hyères)

Météores et autres objets non identifiés

Stéphane Boudin-Lestienne — 26 octobre 2019

Festival Constellations
9eme édition

16-22 septembre 2019

Danse musique performance
Toulon - Ollioules - Hyères

Une proposition de Kubilai Khan Investigations

www.kubilai-khan-constellations.com 

DIRECTION ARTISTIQUE

Frank MICHELETTI

Administratrice
Cathy Chahine


Régie générale
Jean-Louis Barletta

Régie lumière
Ivan Mathis

Régie son
Laurent Saussol

Coordination et relations publiques
Barbara Perraud

Production - communication
Carine Habauzit

Toulon - Ollioules - Hyères: 16-22 septembre 2019

Il y a quelques années, au siècle dernier, le jeune Frank Micheletti payait ses études de théâtre en étant chauffeur l’été pour Châteauvallon, la scène nationale Toulonnaise. C’est là qu’il découvre la danse mais aussi à d’autres pratiques liées à la performance. D’abord dubitatif, il s’engage dans cette voie obscure et sous la houlette de Josef Nadj, entame une quête personnelle. Il fonde sa propre compagnie, Kubilai Khan Investigations, en 1996. Le Kubilai en question est un empereur Mongol, petit fils du célèbre Genghis, et qui accueillit dans sa cour Marco Polo le voyageur, découvreur des mondes lointains. Comme l’illustre vénitien,  Frank fait partie de la catégorie de ces artistes migrateurs pour qui le voyage et la découverte du monde représente plus qu’une simple source d’inspiration : leur création a besoin de cultiver une intimité avec l’étranger, de sortir de chez soi pour s’exprimer, de fréquenter l’inconnu.

La trajectoire d’un artiste est tissée de ces collaborations ou rencontres, admirations ou amitiés qui dessinent un parcours. Au travers de différentes approches et disciplines, des liens invisibles créent un réseau naturel, organique : un rhizome. Frank Micheletti décide d’en faire un  festival dont le nom est parfaitement trouvé : Constellations, né en 2009. Kubilai Khan Investigations y montrera son travail mais aussi celui d’invités qu’ils soient locaux, nationaux ou venus d’horizons plus lointains. Sans préférence pour la danse ou le théâtre, la musique ou encore le cinéma ou la vidéo, Constellations invite une trentaine d’intervenants très différents et cherche à les mettre bout à bout, à les relier. Le festival — entièrement gratuit (exceptionnellement quelques annexes peuvent demander une modeste contribution) — profite des journées du patrimoine de Toulon pour mettre en place son offre hors norme et se déployer dans plusieurs lieux de la métropole.

Ainsi le spectateur aura pu s’échauffer par des cours de danses publics à Hyères ou Ollioules comme des préalables. Cette année le festival proprement dit a commencé le vendredi soir sur les pelouses du Musée des arts asiatiques où Camille Mutel, artiste associée du festival, se pliant au sol un couteau dans la bouche, propose au spectateur la vision d’un corps en tension et l’hermétisme de ses symboles. Marion Carriau propose un extrait de son spectacle Je suis tous les dieux, où, à partir du langage des sourds muets, elle se lance dans un monologue hypnotique dont on ne lâche pas un mot-signe. Le magnifique film documentaire Uzu de Gaspard Kuentz, montre d’impressionnantes compétitions rituelles qui se perpétuent au Japon et qui feraient passer le plus violent match de rugby pour une démonstration de yoga.

21h. Il est temps de rejoindre la Tour Royale, superbe fort circulaire construit au 16e siècle pour garder  la rade, cœur et base historique du festival, là où il est le plus à son aise. Une fois passée la porte majestueuse, parcourus les terrasses et le chemin de ronde, contemplés les jeux de lumières sur la presqu’île de Saint–Mandrier, un escalier immense vous avale : impossible de ne pas se sentir Jonas descendre dans le ventre de la baleine. En bas la visite continue. La voûte en cul de four des sept casemates qui constituent la base du bâtiment concentre naturellement le regard, comme si nous prenions place à l’intérieur de globes oculaires. En plan, les demi ronds dessinent le barillet d’un pistolet prêt à décharger. En effet, on tourne de casemate en casemate, engrenage infernal, pour suivre le flux quasi ininterrompu de spectacles qui se succèdent.

Flora Détraz : Tutuguri 

La question du lieu semble ici cruciale, légèrement inconfortable Qu’on s’assoie à même le sol ou qu’on s’appuie sur les murs on sera couvert de poussière ou de salpêtre. Ici pas de décor sinon les grosses pierres fatiguées, quelques lumières, une simple sonorisation. C’est comme cela qu’on fait connaissance avec les acrobaties pré-verbales de Flora Détraz qui tisse une histoire avec des marmonnages étirés, chantés, criés, de vrombissement, de pleurs de nouveaux–nés. Kubilai-Khan Investigations redouble sa performance dans deux casemates simultanément, pour servir son propos : un spectacle qui met en scène les double discours des médias, interchangeables et inaudibles dans leurs contradictions.

Ana Rita Teodoro : Fantôme méchant

Ana Rita Teodoro hante ce lieu, qui fut une prison, avec son Fantôme méchant, en interprétant un étrange Fado a cappella. A l’aide d’une ficelle, elle sculpte un pénis sur sa jupe : une pantomine nostalgique entre prière dans le confessionnal et honteuse séance de masturbation. Pour le sud-africain, Rudi van der Merwe la casemate est une grotte de Platon où se projette des images fantasmées, entre cabaret transformiste et lettre d’amour à un père absent. Sur l’écran noir de la nuit, face à la mer, dans la fraicheur du soir, Alban Richard a imaginé une chorégraphie pour deux danseurs qui ressemble à ces châteaux de cartes qu’on a autant de plaisir à construire qu’à détruire d’un revers de main.

Les jours suivants Constellations investit le musée des Beaux-Arts, l’hôtel départemental des arts où sont exposées les photographies d’Harry Gruyaert, le théâtre Liberté, l’école d’art ou encore le nouvel « espace d’artistes », le Metaxu.

Kevin Jean : À la poursuite du cyclone

 

Kevin Jean, qu’on découvrira en fin de festival, reprend son spectacle, La poursuite du cyclone, imaginé pour le noir de la scène. C’est dans une version « low tech » et une salle de classe de l’Ecole des Beaux arts, qu’il donne cette performance aux accents prophétiques et sensuels. Après avoir eu quelque réticences, le performer s’estimera au final très content de ce contact direct avec le public, de cette nécessité de redoubler d’intensité.

Pour  la chorégraphe Marie Desoubeaux c’est une viole de gambe qui la suit Margaux Amoros, son interprète, dans un solo dansé-récité qu’elle active sans aucun artifice.
De fait Constellations propose avec intelligence de renouveler les questionnements autour de la scène ou plutôt de son absence, non pas pour en faire une lourde théorie mais pour la confronter à des pratiques variées. On trouvera ainsi des performances conceptuelles comme celle de Simon Tanguy (une logorrhée automatique de 45 mn) ou suivre des séquence dansées ultra concentrée comme celle de Cindy van Acker.

Kaori Ito (+ costumes Aurore Thibout et musique de Benoit Bottex): Le fil du vivant

On se laissera surprendre par du « théâtre » sur le vif comme celui d’Interactions mondaines ou découvrir certaines pratiques d’art plastiques comme celle d’Aurore Thibout et Red Coyote Therapy. Ces deux artistes s’exprimant à travers le textile ont donné lieu à des croisements intéressants : le coyote habillant Kubilai Khan, la danseuse et chorégraphe Kaori Ito s’emparant des vêtement d’Aurore pour en faire des personnages, le tout sous l’autorité sonore de Benoit Bottex (clarinette et électronique).

Au final c’est un vrai mélange des genres qui se met en place dans la marmite de Constellations, celui qui dessine la diversité à partir de laquelle comprendre notre monde. Ce qu’un directeur de théâtre ou de centre chorégraphique peut envisager sur une saison à l’aide de nombreuses productions coûteuses se concentre ici sur trois jours et un budget réduit : un shoot bienfaisant et un terrain d’expérimentation nécessaire. A l’orée de ses 10 ans quel bilan et surtout quel futur pour ce festival ? Si Frank Micheletti a un motif de satisfaction ce n’est pas de voir de plus en plus de  programmateurs venir faire un tour, c’est indubitablement le retour des artistes, qui font sa réputation. Beaucoup ont apprécié l’ambiance de ces folles journées toulonnaises et s’y sont sentis chez eux, prêts à jeter l’ancre ne serait-ce que pour trois jours. Constellations a quelque chose d’un port accueillant où mouillent des navires aux pavillons divers. Ici tout le monde est étranger et partage sa différence : il n’est pas rare de croiser dans le public des artistes qui viennent voir leurs collègues. La preuve qu’il se passe bien ici quelque chose de vivant et d’unique. 1

 

 

Kubilai Khan Investigations (+ costumes de Red Coyote Therapy) : La vie passe diablement vite

References   [ + ]

1. ↑ A signaler : les podcasts consacrés aux artistes de Constellations sur la radio associative et militante toulonnaise Radioactive : Satellites on air. 
Crédits photo : © Sem Brundu

Cet article a été écrit par Stéphane Boudin-Lestienne

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