Lien vers la captation : https://www.france.tv/spectacles-et-culture/opera-et-musique-classique/2228753-voix-des-outre-mer-la-finale-a-l-opera-bastille.html
Le vendredi 22 janvier se tenait à l’Auditorium de l’Opéra Bastille, à huis-clos mais capté pour France Télévision, la finale de la troisième édition du concours Voix des Outre-Mer.
Créé en 2017 par le contre-ténor Fabrice Di Falco et Julien Leleu, président de l’association « Les Contres Courants », ce concours n’est p as une compétition comme les autres. En effet, peu de professionnels s’y rencontrent ; peu, même, de chanteurs confirmés. Il s’agit en réalité de mettre en lumière des chanteurs ultramarins de tous niveaux, ayant suivi ou non une formation ; des adultes – il n’y a pas de limite d’âge – mais aussi des adolescents qui concourent dans la catégorie « Jeune Talent ». Des conditions certes originales pour un concours, mais son enjeu n’est pas la seule performance vocale : si cette finale est l’occasion, bien sûr, de faire entendre des voix prometteuses, il s’agit aussi de donner une visibilité à des territoires où les conservatoires sont rares voire inexistants, et où la formation en chant lyrique est difficilement accessible. L’occasion également, durant cette finale à l’Auditorium de l’Opéra-Bastille et en présence d’Alexander Neef – membre du jury –, de faire remarquer l’absence des artistes ultramarins des scènes françaises, ainsi que la ministre de la Culture, en remettant le prix « Voix des Outre-Mer », a tenu à le rappeler devant le nouveau directeur de l’ONP. Le message est passé…
Une double ambition donc : promouvoir l’art lyrique en Outre-Mer, et promouvoir les jeunes talents qui en viennent auprès des scènes de la métropole. Une ambition musicale, mais qui espère faire bouger les lignes à l’avenir dans les distributions. Le jury réunissait ainsi, autour de son président Richard Martet et de sa marraine Karine Deshayes, la soprano Leontina Vaduva et le violoncelliste Frédéric Lodéon, mais aussi de nombreux acteurs du secteur culturel – représentant salles, institutions, maisons de disques ou médias.
À concours particulier, compte rendu particulier : il ne s’agira bien évidemment pas de faire ici une « critique » des différentes prestations, qui vont de jeunes débutants autodidactes à des adultes en fin de formation, voire déjà professionnels. Mais on peut d’ores-et-déjà dire que le palmarès nous a semblé très juste et fidèle à ce qu’on a pu entendre lors de cette finale. C’est sans grande surprise que le baryton Edwin Fardini – diplômé du CNSM, révélation classique de l’Adami 2019 et qu’on a pu entendre récemment en Tisiphone à l’Opéra-Comique dans Hippolyte et Aricie – remporte le prix Voix des Outre-mer. Ce n’est pas avec un air d’opéra mais avec le spiritual « Deep river » que le jeune chanteur s’est fait entendre lors du concours : voix affirmée, aisance, projection, le baryton montre une belle maîtrise de ses moyens et domine sans conteste la finale.
Le Prix Jeune Talent revient à Auguste Truel, âgé de seize ans. Si le choix du « Veau d’or » de Gounod surprend un peu pour un chanteur (et une voix) si jeune, si l’air est un peu au-dessus de ses moyens vocaux, il lui permet en tout cas de montrer une expressivité dans son chant et dans sa posture scénique qui ont fait la différence avec ses concurrents. Il lui permet également de faire entendre une voix déjà belle et prometteuse pour l’avenir.
Trois mentions d’encouragement ont également été décernées par le jury : la première à Axelle Saint-Cirel, qui a su montrer dans « Cara sposa » intensité et engagement, la deuxième à Clémence Hausermann, belle surprise de ce concours dans la catégorie Jeune Talent, et enfin la mention d’encouragement autodidacte à Tinalei Mahuta, benjamine du concours à seulement quatorze ans. A côté de ce palmarès, on retiendra aussi les jeunes voix de la soprano Toni Catherine et de Jess Rodrigues, dont les timbres présagent déjà de belles choses pour l’avenir.
En plus d’une « Barcarolle » des Contes d’Hoffmann interprétée en début de concert par Karine Deshayes et Fabrice di Falco, la finale fut également l’occasion d’entendre d’anciens participants du concours tandis que le jury délibérait. Marie-Laure Garnier, qui en avait remporté la première édition et est aujourd’hui nommée dans la catégorie « Révélation lyrique » des Victoires de la musique, a ainsi interprété « Il est doux il est bon » puis le spiritual « Ride on King Jesus » accompagnée de Jeff Cohen au piano. Plusieurs airs traditionnels réunionnais, martiniquais et guadeloupéen ont suivi, chantés respectivement par Candice Albardier, Stan Paramon et Jokhtan Cambium, faisant ainsi entendre leur voix dans des répertoires bien peu souvent mis à l’honneur. On retiendra aussi tout particulièrement de cet intermède, mais cette fois dans le répertoire lyrique, le « Madamina, il catalogo è questo » d’Aslam Safla – gagnant de la deuxième édition du concours – qui insuffle à l’air l’énergie et la conviction nécessaires.
On souhaite donc tout naturellement aux lauréats de cette troisième édition une belle carrière, et à tous de pouvoir continuer à développer leur voix.
A noter que cette finale est disponible en streaming sur le site de France Télévision jusqu’en juillet 2021.
Lien vers la captation : https://www.france.tv/spectacles-et-culture/opera-et-musique-classique/2228753-voix-des-outre-mer-la-finale-a-l-opera-bastille.html