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On lira ou relira notre article d’alors en cliquant ci-dessous sur « Pour poursuivre la lecture » même si la distribution a été légèrement modifiée, elle n’en reste pas moins remarquable.
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On retrouve Jarrett Ott en Enée (et en marin), avec sa voix chaude, et son phrasé impeccable, et Marie-Claude Chappuis toujours hiératique dans une production qui impose aux chanteurs une sorte de fixité presque absente, réduits à une présence dans une sorte de coin salon à jardin, sous la fenêtre, comme un espace intime du chant, où Enée (qui n’a pas trop à chanter) peut à loisir siroter un thé et où Didon chante Didon mais aussi son adversaire la magicienne : elle est comme un personnage unique en positif ou négatif, avec une sorte de détachement, comme si deux pôles se mélangeaient dans les rêves et fantasmes de Didi.
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Marie-Claude Chappuis a ce caractère distancié, avec ce chant bien dessiné et ce timbre délicat, ne surjouant jamais, restant extrêmement pudique dans l’expression, bénéficiant d’un appui large favorisant un beau registre central
Belinda est nouvelle dans cette production, Francesca Aspromonte, au timbre très séduisant, à la voix claire et bien projetée, elle aussi douée d’un phrasé parfait, La technique très maîtrisée, le soin dans l’émission, le beau personnage sur scène achèvent une incarnation séduisante dans les limites permises par une mise en scène qui donne au chant un rôle de commentateur des gestes et mouvements et en fait un instrument de la magie globale.
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Autre nouvelle venue, Yuliia Zasimova, membre du jeune ensemble dont nous avons déjà plusieurs fois noté la voix claire et fraîche, qui marque une jeunesse ici nécessaire dans une production où mémoire, souvenir, fantasme et maturité du personnage central (Didi) rendent quelquefois l’ambiance un peu étouffante, et cette voix aérienne donne un peu d’air.
Il faut de toute manière allier voir ce spectacle, qui montre qu’on peut explorer des possibilités théâtrales nouvelles sans trahir le propos et surtout en alliant humour et tragédie, intériorité et extériorité, ordre et désordre (entre le décor ordonné du début et la cataclysme final). C’est un tourbillon qui montre la force encore toute actuelle de ce mythe et l'invention d'une production qui reste largement imprimée dans le souvenir
Lire ci dessous notre article de 2021 qui correspond exactement à ce que nous avons ressenti de nouveau en 2025.