Henry Purcell (1659–1695)
Dido and Æneas (1689)
Livret de Nahum Tate d’après l’Énéide de Virgile
Créé en décembre 1689 à Chelsea
Reprise de la production de 2020–2021 (en streaming)
Coproduction avec l’Opéra de Lille et les Théâtres de la Ville de Luxembourg

Direction musicale Emmanuelle Haïm & Atsushi Sakai
Mise en scène et chorégraphie Franck Chartier (Peeping Tom)
Composition et conception musicale Atsushi Sakai
Scénographie Justine Bougerol
Costumes Anne-Catherine Kunz
Lumières Giacomo Gorini
Conception sonore Raphaëlle Latini
Dramaturgie Clara Pons
Collaboratrice artistique Eurudike De Beul
Direction des chœurs Mark Biggins

Dido, reine de Carthage / Magicienne / L’Esprit : Marie-Claude Chappuis
Æneas, prince troyen / Un marin : Jarrett Ott
Belinda, dame d’honneur / Deuxième sorcière : Francesca Aspromonte
Première sorcière / Deuxième dame : Yuliia Zasimova

Création et interprétation par les artistes de la compagnie Peeping Tom
Marie Gyselbrecht, Romeu Runa, Hun-Mok Jung, Eurudike De Beul, Christina Guieb,
Yi-Chun Liu, Brandon Lagaert

Chœur du Grand Théâtre de Genève
Le Concert d’Astrée

Genève, Grand Théâtre, jmercredi 19 février, 20h (Répéttition générale)

Ayant longuement rendu compte de ce spectacle lors de sa présentation en 2021 devant une cinquantaine de spectateurs, je renvoie le lecteur à mon analyse d’alors, à laquelle je n’ai rien à ajouter, sinon que la production n’a rien perdu de sa fascination ni de son originalité, et qu’il faut résolument aller la voir car c’est une alliance heureuse d’univers, et une production complexe, qui touche au rêve, au fantasme, mais aussi au sens profond du mythe. C’est pour sûr une des plus heureuses idées d’Aviel Cahn dans son mandat genevois.
Pour me rafraichir la mémoire en vue de la désormais traditionnelle intervention à Léman Bleu.Tv le jeudi 20 février, j'ai pu exceptionnellement assister à la répétition générale

Marie-Claude Chappuis (Dido)

On lira ou relira notre article d’alors en cliquant ci-dessous sur « Pour poursuivre la lecture » même si la distribution a été légèrement modifiée, elle n’en reste pas moins remarquable.

Jarrett Ott (Aeneas)

On retrouve Jarrett Ott en Enée (et en marin), avec sa voix chaude, et son phrasé impeccable, et Marie-Claude Chappuis toujours hiératique dans une production qui impose aux chanteurs une sorte de fixité presque absente, réduits à une présence dans une sorte de coin salon à jardin, sous la fenêtre, comme un espace intime du chant, où Enée (qui n’a pas trop à chanter) peut à loisir siroter un thé et où Didon chante  Didon mais aussi son adversaire la magicienne : elle est comme un personnage unique en positif ou négatif, avec une sorte de détachement, comme si deux pôles se mélangeaient dans les rêves et fantasmes de Didi.

La chorégraphie du lit avec sa vingtaine de draps qui protègent Didi de l'extérieur

Marie-Claude Chappuis a ce caractère distancié, avec ce chant bien dessiné et ce timbre délicat, ne surjouant jamais, restant extrêmement pudique dans l’expression, bénéficiant d’un appui large favorisant un beau registre central
Belinda est nouvelle dans cette production, Francesca Aspromonte, au timbre très séduisant, à la voix claire et bien projetée, elle aussi douée d’un phrasé parfait, La technique très maîtrisée, le soin dans l’émission, le beau personnage sur scène achèvent une incarnation séduisante dans les limites permises par une mise en scène qui donne au chant un rôle de commentateur des gestes et mouvements et en fait un instrument de la magie globale.

Le coin chanteurs (et au fond, de dos Eurudike de Beul (Didi)

Autre nouvelle venue, Yuliia Zasimova, membre du jeune ensemble dont nous avons déjà plusieurs fois noté la voix claire et fraîche, qui marque une jeunesse ici nécessaire dans une production où mémoire, souvenir, fantasme et maturité du personnage central (Didi) rendent quelquefois l’ambiance un peu étouffante, et cette voix aérienne donne un peu d’air.
Il faut de toute manière allier voir ce spectacle, qui montre qu’on peut explorer des possibilités théâtrales nouvelles sans trahir le propos et surtout en alliant humour et tragédie, intériorité et extériorité, ordre et désordre (entre le décor ordonné du début et la cataclysme final). C’est un tourbillon qui montre la force encore toute actuelle de ce mythe et l'invention d'une production qui reste largement imprimée dans le souvenir

Lire ci dessous notre article de 2021 qui correspond exactement à ce que nous avons ressenti de nouveau en 2025.

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Guy Cherqui
Agrégé de Lettres, inspecteur pédagogique régional honoraire, Guy Cherqui « Le Wanderer » se promène depuis une cinquantaine d’années dans les théâtres et les festivals européens, Bayreuth depuis 1977, Salzbourg depuis 1979. Bouleversé par la production du Ring de Chéreau et Boulez à Bayreuth, vue sept fois, il défend depuis avec ardeur les mises en scènes dramaturgiques qui donnent au spectacle lyrique une plus-value. Fondateur avec David Verdier, Romain Jordan et Ronald Asmar du site Wanderersite.com, Il travaille aussi pour les revues Platea Magazine à Madrid, Opernwelt à Berlin. Il est l’auteur avec David Verdier de l’ouvrage Castorf-Ring-Bayreuth 2013–2017 paru aux éditions La Pommerie qui est la seule analyse parue à ce jour de cette production.

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