Les Demoiselles de Rochefort,
Un spectacle adapté du Film original de Jacques Demy avec une musique originale composée par Michel Legrand.
(Copyright Universal Music Publishing – Warner Chappell Music France)

Mise en scène : Gilles Rico 
Directeur musical : Patrice Peyriéras
Scénographie : Bruno de Lavenère
Chorégraphie : Joanna Goodwin
Costumes :Alexis Mabille
Créateur lumières : Tim Mitchell
Créateur son : Unisson Design
Vidéaste : Etienne Guiol

Associés/Assistants :

Metteur en scène associé résident : Sébastien Duvernois
Assistante à la mise en scène : Emma Bazin
Assistantes à la scénographie : Margaux Maeght et Irène Vignaud
Directeur musical associé : Benjamin Pras
Assistante costumes : Marion Moinet
Chorégraphe associé : Robbie McMillan
Associée lumières : Sarah Brown
Thomas Ocampo – Assistant vidéo

Delphine Garnier : Juliette Tacchino
Solange Garnier : Marine Chagnon
Yvonne Garnier : Valérie Gabail
Maxence : David Marino
Andy Mille : Paul Amrani
Simon Dame : Arnaud Leonard
Etienne : Valentin Eyme
Judith : Lara Pegliasco
Esther ; Aurelia Ayayi
Josette : Agathe Prunel
Subtil Dutrouz : Alain Dion
Boubou : Daniel Smith

Direction et piano : Patrice Peyriéras, Thierry Boulanger, Benjamin Pras
Violon 1 : Laurent Manaud-Pallas, Mathilde Borsarello, Doriane Gable
Violon 2 : Camille Manaud-Pallas, Caroline Lasfargues, Elodie Michalakakos
Alto : Sébastien Lévy, Pierre Courriol, Camille Chardon
Violoncelle : Julien Decoin, Isabelle Sajot, Barbara Le Lièpvre
Contrebasse : Stéphane Logerot, Benoît Dunoyer, Yves Rossignol
Batterie : Didier Guazzo, François Laizeau, Thierry Chauvet
Percussion : Daniel Ciampolini, Emmanuel Curt, Cyrille Gabet
Reed : Nicolas Fargeix, Matthieu Vernhes, François Chambert
Trompette 1 : Claude Egea, Hervé Michelet, Alexis Bourguignon
Trompette 2 : Erick Poirier, Jeremy Lecomte, Jérôme Lacquet
Cor : Jérôme Flaum, Elodie Baert, Hugues Viallon
Trombone 1 : Denis Leloup, Jean-Christophe Vilain, Bastien Ballaz
Trombone 2 : Thibault Mortegoute, Judith Wekstein, Luca Spiler

 

Paris, Théâtre du Lido, Dimanche 12 octobre 2025, 15h

Jamais deux sans trois pourrait être la devise de Jean-Luc Choplin qui, après Les parapluies de Cherbourg au Châtelet en 2014 et Peau d’âne au Marigny en 2018, propose depuis le 2 octobre une version des Demoiselles de Rochefort adaptée du cultissime film du duo Demy/Legrand en comédie musicale. Le Lido 2 Paris va ainsi vivre au rythme des trépidantes sœurs Garnier, Delphine la danseuse et Solange la musicienne, nées sous le signe des Gémeaux, qui rêvent de monter à Paris pour y réussir et ambitionnent de rencontrer le grand Amour, pendant plusieurs mois. Si le succès du film ne s’est jamais démenti, son passage à la scène n’allait pas de soi (pour ceux qui se souviennent de la malheureuse version produite par Gérard Louvin en 2003 au Palais des Congrès), mais ce nouvel essai signé Gilles Rico et Patrice Peyriéras devrait en assurer définitivement la pérennité et continuer de faire chanter les foules.

Depuis sa sortie en 1967 et son succès retentissant, Les demoiselles de Rochefort n’a jamais quitté l’affiche. Plus coloré, plus positif, plus enjoué que le précédent opus (Les parapluies de Cherbourg Palme d’or à Cannes en 1964) réalisé aussi à quatre mains par Jacques Demy et Michel Legrand, les Demoiselles, véritable comédie musicale française n’a pas eu d’équivalent dans l’histoire du cinéma français. Là où les Parapluies étaient un film entièrement chanté, Les Demoiselles reprend les codes du musical américain et des flamboyantes réussites que furent Chantons sous la pluie, Un américain à Paris ou West side story .. et où des comédiens de cinéma racontent avec un talent égal une histoire en la jouant, en la chantant et en la dansant. Avec son casting de luxe (Deneuve, Dorléac, Darrieux, Piccoli et Gene Kelly), ses textes écrits au cordeau, ses mélodies entêtantes et ses chorégraphies endiablées, Les Demoiselles allait révolutionner un genre et le magnifier.

Amateur inconditionnel de Demy/Legrand, Jean-Luc Choplin avait à cœur d’adapter leur chef‑d’œuvre à la scène et l’on ne peut que lui en savoir gré, tant le résultat est probant. La partition a été soigneusement réorchestrée par Patrice Peyriéras, également à la direction et au piano, qui a su se réapproprier chaque morceau sans jamais rien dénaturer et en conservant leur spécificité. La musique au swing unique de Michel Legrand sonne ainsi à nos oreilles avec le même enthousiasme communicatif qu’à l’écoute de celle enregistrée pour le long-métrage. Les voix choisies pour interpréter les personnages sont d’une grande justesse et ce jusque dans les accents américains qui pointent chez l’un des deux forains et surtout chez Andy (joué et dansé dans le film par l’inoubliable Gene Kelly).

Juliette Tacchino et Marine Chagnon

Les inséparables jumelles, la blonde Delphine et la rousse Solange ont été confiées à deux artistes lyriques, Juliette Tacchino et Marine Chagnon, qui savent très bien éliminer une technique qui pourrait faire « opéra » quand il faut faire envers et contre tout chanson. Toutes deux sont très convaincantes dans leur quête du grand amour, lucides, résolument positives et comme leur mère en avance sur son temps, chantant et dansant leur vie avec une énergique et dévorante passion. Autour de cet irrésistible tourbillon, Maxence le peintre-marin, ici brun (quand Jacques Perrin était blond), incarné par David Marino, rêve à son idéal féminin avec douceur

David Marino

les deux forains Valentin Eyme (Etienne) et Aaron Colston (Bill) sont deux indécrottables séducteurs, Arnaud Léonard un Simon Dame plein de tact, heureux de retrouver son vieil ami Andy, romanesque Paul Amrani

Paul Amrani et David Marino

et surtout Yvonne la femme de sa vie, joliment portraiturée par Valérie Gabail, quand la petite serveuse Josette (Agathe Prunel) attend aussi son heure pour quitter la ville et tenter sa chance dans la capitale.

Le découpage du film est respecté et l’on s’amuse à détecter ici quelques dialogues finement ajoutés pour lier certaines scènes entre elles, et là d’autres oubliées comme celle du diner servi dans le café d’Yvonne, entièrement rimée et où Dutrouz le terrible découpeur de femme hésite à couper le gâteau…Amusant, le rôle donné à Boubou (excellent Daniel Smith), petit écolier bien sage chez Demy, transformé ici en pré-ado turbulent qui n’a de cesse de s’émanciper et de devenir à son tour acrobate-saltimbanque comme ses « frangines ».

Le metteur en scène et son scénographe Bruno de Lavenère ont su tirer partie du plateau plutôt contraint du Lido, en disposant les musiciens derrière un tulle de chaque côté de la scène, très avancée sur la salle, et en faisant glisser de pimpants décors placés sur une tournette depuis le lointain, pour permettre de passer sans le moindre temps mort de l’appartement des jumelles à la galerie d’art de Guillaume Lancien (Victor Bourigault), ou dans le bar d’Yvonne qui apparait et disparait des dessous. Les chorégraphies de Joanna Goodwin sont comme il se doit virevoltantes, les costumes légèrement réactualisés par Alexis Mabille conservent l’esprit sixties de l’original, l’ensemble réussissant grâce à quelques images en 3D à donner au décor une dimension, une aération et à créer l’illusion d’un mouvement perpétuel.

Le bonheur !

 Marine Chagnon et Juliette Tacchino
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François Lesueur
Après avoir suivi des études de Cinéma et d'Audiovisuel, François Lesueur se dirige vers le milieu musical où il occupe plusieurs postes, dont celui de régisseur-plateau sur différentes productions d'opéra. Il choisit cependant la fonction publique et intègre la Direction des affaires culturelles, où il est successivement en charge des salles de concerts, des théâtres municipaux, des partenariats mis en place dans les musées de la Ville de Paris avant d’intégrer Paris Musées, où il est responsable des privatisations d’espaces.  Sa passion pour le journalisme et l'art lyrique le conduisent en parallèle à écrire très tôt pour de nombreuses revues musicales françaises et étrangères, qui l’amènent à collaborer notamment au mensuel culturel suisse Scènes magazine de 1993 à 2016 et à intégrer la rédaction d’Opéra Magazine en 2015. Il est également critique musical pour le site concertclassic.com depuis 2006. Il s’est associé au wanderesite.com dès son lancement

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