Un abécédaire Castorf : Pour quoi faire ?

Bayreuth 2013 : Le rideau s'ouvre sur fond de scandale. Katharina Wagner sait qu'elle frappe un grand coup en invitant Frank Castorf à mettre en scène le Ring du bicentenaire. Pour cette occasion, l'enfant terrible de la scène allemande a imaginé une scénographie résolument novatrice avec, comme fil rouge, une allégorie et une analyse de l'Allemagne contemporaine saisie par le regard d'un natif de Berlin-Est

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Trop peu connu en France, à l'exception de deux productions (La Dame aux Camélias et Die Hamletmaschine) qui ont provoqué la colère du public du Théâtre de l'Odéon, Frank Castorf a cherché à fabriquer une machine théâtrale à la démesure du plus insupportablement et emblématiquement allemand de tous les compositeurs allemands. Le directeur de la Volksbühne de Berlin affiche clairement ses intentions : prendre à rebours toutes les définitions de la modernité (Chéreau y compris) et faire du Festspielhaus le lieu d'un séisme théâtral. Comme souvent sur la Colline, le succès d'une production est précédé par le vent du scandale. Une génération plus tard, les huées sont remplacées par les louanges comme si la révolution finissait toujours par se figer en conservatisme. Il reste que pour sa quatrième édition, cette production continue d’être insupportable à un certain public, qui n’en supporte pas l’idéologie…

Afin que Frank Castorf ne finisse pas embaumé dans les bandelettes d'un succès qui oublierait de réfléchir à la portée de son travail, nous avons cru utile de dresser un inventaire des éléments constitutifs de cette mise en scène. La forme de l'abécédaire nous a semblé refléter fidèlement une personnalité et une approche aussi bien intellectuelle qu'ironique. Il ne s'agit en aucun cas de se lancer dans un tir-au-pigeons sémantique, mais plutôt générer une réflexion autour de cette mise en scène par la mise en relation d'éléments concordants.
Le A d’Allemagne nous est apparu logiquement comme une entrée en matière adéquate pour commencer à clarifier les intentions et la structuration de ce Ring à voir et revoir sans modération.

 

 

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Guy Cherqui
Agrégé de Lettres, inspecteur pédagogique régional honoraire, Guy Cherqui « Le Wanderer » se promène depuis une cinquantaine d’années dans les théâtres et les festivals européens, Bayreuth depuis 1977, Salzbourg depuis 1979. Bouleversé par la production du Ring de Chéreau et Boulez à Bayreuth, vue sept fois, il défend depuis avec ardeur les mises en scènes dramaturgiques qui donnent au spectacle lyrique une plus-value. Fondateur avec David Verdier, Romain Jordan et Ronald Asmar du site Wanderersite.com, Il travaille aussi pour les revues Platea Magazine à Madrid, Opernwelt à Berlin. Il est l’auteur avec David Verdier de l’ouvrage Castorf-Ring-Bayreuth 2013–2017 paru aux éditions La Pommerie qui est la seule analyse parue à ce jour de cette production.
Crédits photo : © Alessandra Schellnegger

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