Le spectacle est un défilé inattendu d’idées géniales et surprenantes du début à la fin. La même perplexité que l’auditeur éprouve devant Kirill Petrenko, quand sous sa baguette semble toute neuve une partition qu’on croyait connaître depuis longtemps. C’est la même chose qui est arrivée avec cette Zauberflöte, qui va constituer sans aucun doute une étape décisive dans la lecture dramaturgique de l’œuvre.
Le propos de Castellucci contient deux parties bien distinctes. La première pourrait-on dire, traduit le monde des Idées, en une présentation très méditée, idéale au plus haut point, quasi platonicienne, avec sa scénographie d’un blanc aveuglant, une allure baroque et des chorégraphies complexes et si parfaites, qu’elles semblent procéder d’un algorithme.
La pureté et la perfection sont telles qu’elles le sont trop pour être honnêtes.
À un moment aux résonances orgiaques, la scène de la cour ressemble à certaines images de Eyes Wide Shuts (les yeux grand fermés) de Stanley Kubrick. Tous les personnages masculins se présentent avec une caractérisation identique. Tous interviennent avec un double, générant une sensation de miroir pendant toute cette moitié de représentation.
Mais ce monde n’existe pas, l’utopie qu’il poursuit n’a rien de réel. Leurs valeurs même ne tiennent pas face à la dure réalité, où blessures et cicatrices sont les marques uniques qui déterminent tout. De la lumière nous passons à la nuit. Castellucci nous submerge dans la seconde moitié de son propos s’appuyant sur deux groupes de personnes qui racontent à haute voix et à la première personne une expérience vitale : cinq femmes atteintes de cécité totale ou partielle, de naissance ou acquise a posteriori ; et cinq hommes avec des cicatrices visibles ou des malformations sur leur corps, conséquences de graves accidents ou de brûlures. Le message semble clair : la vie est d’une telle cruauté que certains idéaux n’ont plus de sens. La lumière ne peut qu’être vue dans les ténèbres.
Romeo Castellucci supprime les récitatifs durant toute la représentation. Cela donne à la première partie de la soirée une agilité évidente, comme si tout convergeait irrésistiblement vers un climax final, juste avant l’entracte. En revanche, pendant la seconde partie, avec les témoignages de ces dix personnes, se glissent quelques textes de la dramaturge Claudia Castellucci, sœur du metteur en scène. Avec cette intervention, Die Zauberflöte voit son intérêt renouvelé, trouve une actualité inhabituelle. Toute la seconde moitié du spectacle a un fort impact émotionnel. Il est impossible de sortir indifférent du théâtre. En somme, La Flûte enchantée comme jamais nous ne l’avons vue, ni même rêvée ou imaginée. Un spectacle essentiel, ordonnancé par Romeo Castellucci et ses dramaturges Piersandra Di Matteo et Ant Cuenca Ruiz. La représentation du jour est transmise en direct par arte.tv.
La distribution réunie pour l’occasion est intéressante et équilibrée. Le Papageno de Georg Nigl surprend par sa vis comica inattendue, la rondeur de Gábor Bretz en Sarastro est convaincante. La Reine de la Nuit de Sabine Devieilhe se distingue par son élégance et sa technique infaillible. Le Tamino de Ed Lyon résulte sûr et bien posé, mais la Pamina de Sophie Karthäuser est plus fade et plus pâle en revanche. On retrouve avec plaisir Dietrich Henschel ici dans le rôle du Sprecher. Enfin, très à l’aise aussi bien vocalement que scéniquement, la Papagena d’Elena Galitskaya.
Le travail d’Antonello Manacorda dans la fosse fut notable, avec un discours fluide, très lié au dynamisme particulier de Castellucci sur scène. L’orchestre de La Monnaie n’est pas une phalange virtuose, mais sonne correctement.
J admire votre enthousiasme.….
Pour moi le spectacle le plus irritant et incohérent de l année.
Impensable de penser su il s agit du même homme qui a mis en scène le mose et aron et tannhauser.
Un spectacle plein de tics qui reprend les idées les plus éculées de ces dernières années.
Petrenko respecte une partition il ne fait pas du saucissonage… c est un génie lui.….. pas un petit maître digne des précieuses ridicules.
Cet article n'est pas de moi mais de notre ami Alejandro MArtinez
Je l avais parfaitement compris.….
Vous n auriez jamais écrit un tel texte.
Amitiés