Ariodante, de Georg Friedrich Händel, est à l'affiche de ce Festival 2024. La scénographie d'Herbert Schäfer est entièrement blanche, avec des toiles de fond composées de panneaux coulissants qui se ferment et s'ouvrent pour accompagner l'action. À l'inverse, les costumes de Vasilis Triantafillopoulos sont essentiellement noirs : du noir pour presque tous les interprètes, à l'exception de deux robes de mariée blanches, nécessaires pour alimenter le quiproquo et l'intrigue. Un contraste chromatique qui caractérise fortement la mise en scène, et dans lequel la narration et le mouvement trouvent une heureuse dynamique. Ariodante, trente-troisième des quarante-deux drames pour musique composés par Händel, a été présenté au Teatro Verdi de Martina Franca, dans une mise en scène également de grande qualité, tant musicale que visuelle, signée Torsten Fischer.
Händel proposa Ariodante en 1735 à Covent Garden, premier titre du nouveau parcours qu'il avait entamé, après la période du King's Theatre, pour répondre à la nouvelle concurrence bien qualifiée de l'Opéra de la Noblesse. Le musicien est soutenu par l'entreprenant impresario John Rich, qui lui fournit un véritable chœur et lui impose un corps de ballet pour enrichir la production. La musique des numéros de danse ne figure pas dans l'autographe de Händel, mais dans d'autres manuscrits de l'époque, et c'est l'une des raisons pour lesquelles Federico Maria Sardelli, spécialiste de la musique baroque qui fait autorité et protagoniste de la présente production, a pu l'omettre, en utilisant la nouvelle édition critique de Bernardo Ticci, préparée précisément pour le Festival della Valle d’Itria. Le livret d'Ariodante est né de l'adaptation d'un texte antérieur, Ginevra principessa di Scozia, d'Antonio Salvi, inspiré d'un épisode de l'Orlando furioso de Ludovico Ariosto, et déjà mis en musique par Giacomo Antonio Perti en 1708, puis par Carlo Francesco Pollarolo en 1716.
L'intrigue, peu complexe par rapport à d'autres opéras baroques, est néanmoins marquée par un chassé-croisé d'affections et de malentendus, qui donne lieu à une luxuriante succession d'airs, tous plus beaux les uns que les autres. La direction de Federico Maria Sardelli – au pupitre de son Orchestra Barocca Modo Antiquo – brille, non seulement par sa conduite et sa direction, mais aussi par son respect de la partition et d'un éventail d'options toutes plus raffinées et pertinentes les unes que les autres. Pour commencer, pas de coupures ; préférence pour les voix féminines "en travesti", par opposition aux contre-ténors, pour lui historiquement injustifiés ; et puis des airs avec da capo, interprétés dans leur intégralité, soigneusement éclairés dans les équilibres et les variations ; basse continue sans théorbes et archiluths, instruments à cordes pincées en déclin à l'époque ; dosage précis des embellissements.
L'attention portée aux clairs-obscurs et aux articulations expressives, ainsi que le contrôle vigilant des tendances rythmiques et des poids timbriques dans les nombreuses agilités vocales, sont toujours aussi évidents dans la mise au point du chef d'orchestre toscan. Dans ce cadre musical raffiné, la mise en scène essentielle de Torsten Fischer était particulièrement appropriée : il a donné des indications nettes mais bien choisies, permettant à la fraîcheur et aux talents des interprètes, tous jeunes et sensibles dans leur interprétation des mouvements et des rythmes scéniques, de briller.
La compagnie de chanteurs était excellente. Dans le rôle d'Ariodante, la mezzo-soprano Cecilia Molinari a fait preuve d'éminentes qualités vocales en termes de délicatesse et de timbre, d'aptitude également dans les coloratures, et d'une aisance de jeu décisive, réussissant à communiquer des émotions intenses, récompensées à la fin par une ovation particulière. Très bonne également, dans le rôle de Ginevra, la soprano Francesca Lombardi Mazzulli, avec sa vocalité lumineuse et son phrasé ductile, capable de multiples nuances.
Le méchant de service alors vaincu, Polinesso, avait en Teresa Iervolino une interprète d'un profil différent. Avec un superbe vocalisme et un jeu de scène autoritaire, la mezzo-soprano a enchaîné ses cinq airs, chantant toujours des coloratures limpides dans un phrasé varié et au style impeccable. Theodora Raftis a également été appréciée, donnant à la changeante Dalinda les accents appropriés, dans un style vocal irréprochable et bien équilibré. Le baryton Biagio Pizzuti a trouvé pour le roi d'Écosse une pluralité d'accents toujours adaptés à une émission douce et convaincante, soutenue par une ligne vocale bien articulée. Deux ténors étaient présents sur scène : Manuel Amati a incarné Lurcanio, un profil de caractère, et l'a rendu avec une qualité stylistique digne d'éloges, dans une trajectoire vocale souple et astucieuse. Et Manuel Caputo a honorablement interprété le rôle d'Odoardo. A la fin, des applaudissements enthousiastes et chaleureux pour tous.