La Nuit Manquante III

Conception Hélène Rocheteau
Interprétation Alma Palacios, Olivier Normand, Pauline Laidet, Clotilde Alpha
Création musicale Jean-Baptiste Geoffroy et Jérôme Vassereau
Création lumière Grégoire Orio

 

Accompagnement – Production – Diffusion Matthieu Roger
labelleorange.prod@gmail.com / +33 (0) 247 525 156
www.labelleorange.fr

 

Diffusion
Création le 15 décembre 2017 : Emmetrop Bourges
Le 16 décembre 2017 : Festival SPOT C.C.N de Tours
Janvier 2018 : Festival Pharenheit C.C.N du Havre

Étapes de travail ouvertes au public

Le 29 septembre 2017 : “Heure curieuse” au C.C.N de Tours
Le 10 octobre 2017 : Chantier mobile#3 Le Point Ephémère Paris

Coproduction :
Emmetrop Bourges, Le Phare C.C.N du Havre, C.C.N de Tours, Région Centre-Val de Loire,

SPEDIDAM, Adami
Avec le soutien des Journées Danse Dense – Pôle d’accompagnement pour l’émergence chorégraphique

CCN de Tours, 16 décembre 2017

En abordant la question du pouvoir et de la peur au sein du groupe, la danseuse et chorégraphe Hélène Rocheteau propose une performance chorégraphique qui tend à montrer la puissance du collectif à libérer l’intime de ces peurs qui nous isolent, qui alimentent les rapports de force et de domination dans nos sociétés contemporaines. Une expérience troublante, parfois violente, et finalement libératrice.

La Nuit Manquante est un projet en trois formes distinctes et autonomes. Un solo, un duo et une pièce de groupe autour d’une même thématique, mettre le corps face à sa propre opacité, l’interroger sur les forces qui nous fondent, nous, nos peurs et nos désirs. Ce troisième opus convoque donc une communauté d’individus, quatre danseurs et deux musiciens, qui se livrent à l’exorcisme de l’obscur qui a envahi nos chairs, à une transe pour rencontrer la peur et l’apprivoiser, à une cérémonie d’ouverture à l’inconnu.

C’est le travail de l’activiste écoféministe américaine Starhawk qui inspire Hélène Rocheteau, et notamment l’essai Rêver l’obscur dans lequel celle qui se revendique être une sorcière convoque la fête et le rituel, invitant chaque individu à prendre conscience de son pouvoir et à le mettre en œuvre en se rapprochant des autres, en agissant à sa mesure au sein de la communauté, et à lutter ainsi contre une « culture de la mise à distance ». Et cette pièce chorégraphique est effectivement de l’ordre de la sorcellerie et de la magie dans sa dimension à la fois effrayante et merveilleuse.

Effrayante parce qu’elle met en scène toutes les peurs. Les peurs enfantines, émanant de cette ronde de corps syncopés dont on entend le souffle à l’ouverture du spectacle, à moins que ce ne soit les cris étouffés. Les peurs universelles de ne pas être vu, entendu, désiré ou aimé que trahissent une frénésie du mouvement et du geste avorté. La peur de l’autre aussi, celle qui insinue le rapport de force, le besoin de dominer, de se mesurer. Les corps des quatre danseurs exultent la souffrance et la douleur, ils se tordent de soubresauts, suffoquent sous les assauts de cette communauté, une violence pourtant salutaire et sublime parce qu’elle est un éveil à l’immanence.
C’est cet état d’immanence qui transparaît dans la dernière partie du spectacle et qui en donne le véritable sens. Ces corps qui se démènent sans jamais fuir, ces corps qui répètent les mouvements jusqu’à ce que leur souffle trahisse l’épuisement, ce sont des corps qui luttent pour une conscience nouvelle, une quête d’un pouvoir « qui vient de notre sang, de nos vies et de notre désir passionné pour le corps vivant de l’autre » selon les mots de Starhawk.

Les quatre danseurs et les deux musiciens sont saisissants d’attention les uns envers les autres. Le corps, le son, la lumière également magnifique, à la fois crépusculaire et magnétique, s’unissent pour incarner au plateau le désir de la chorégraphe, c’est-à-dire « convoquer une présence, un état d’être dans le corps qui permette d’accéder au plus profond en soi, et d’où émerge une grande force. ». On souhaite qu’une pensée aussi intensément incarnée rencontre un public curieux et ouvert à une telle expérience.

 

Laurent Roudillon
- Professeur de Lettres Modernes et de Théâtre-Expression dramatique.. – Coordinateur de l’Action culturelle dans le domaine du théâtre pour le département d’Indre-et-Loire, missionné par la DAAC de l’académie d’Orléans-Tours auprès du CDN de Tours.  – Membre du conseil d'administration et du comité de sélection du Volapük : accueil de compagnies en résidence pour les écritures contemporaines. (http://www.levolapuk.org/) – Président de Groupenfonction, groupe de création "indisciplinaire". http://www.groupenfonction.net/Actualite#Presentation

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