Mozart Arias

« Schon lacht der holde Frühling » KV 580.
« Gemme la tortorella » (La finta Giardiniera » KV 196)
« Da schlägt die Abschiedsstunde » (Der Schauspieldirektor KV 486)
« Voi avete un cor fedele » KV 217
« S’altro che lacrime » (La Clemenza di Tito KV 621)
« Durch Zärtlichkeit und Schmeicheln » (Die Entführung aus dem Serail KV 384)
« Strider sento la procella » (Lucio Silla KV 135)
« Vorrei spiegarvi » KV 418
Exsultate, jubilate KV 165

Kammerorchester Basel
Direction Umberto Benedetti Michelangeli.

Enregistré en 2015.

TT : 54’ 23.

Sony 8985337582

2015

La jeune Regula Mühlemann, qu'on a vu depuis quelques années dans de petits rôles à l'opéra publie son premier disque, des airs de Mozart, loin d'être un coup d'essai, c'est une vraie surprise tant la jeune artiste dans un répertoire périlleux s'installe immédiatement dans les disques dignes de grand intérêt, malgré une concurrence particulièrement vive.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que pour son premier enregistrement en soliste Regula Mühlemann n’a pas choisi la facilité : les récitals consacrés à Mozart sont légion, la concurrence est rude et de haut niveau. Mais la jeune soprano lucernoise, qui incarnait une délicieuse Papagena dans la production de Die Zauberflöte donnée en 2014 à l’Opéra Bastille sous la direction de Philippe Jordan, possède de solides atouts. La voix, projetée avec facilité, est légère, certes, mais en rien évanescente, le timbre est ravissant, frais, clair, lumineux, la technique suffisamment assurée pour négocier avec souplesse les phrases les plus longues ou se lancer dans de redoutables vocalises – encore un rien mécaniques, pourtant, sont celles du premier mouvement de l’Esultate, jubilate- , l’aigu est insolent, un peu dur parfois dans son extrémité. Une ombre au tableau : la faiblesse du registre grave, évidente dans ce même Esultate écrit pour le castrat Venanzio Rauzzini, et dans les écarts crucifiants de « Vorrei spiegarvi ».

On se doit de saluer la pertinence d’un programme partagé entre airs de concert et extraits d’opéras, et qui ose sortir du tout venant, et ce dès le début : « Schon lacht der holde Frühling » est, en effet, un cas particulier puisque  destiné à Josepha Hofer, belle-sœur du compositeur et première Königin der Nacht de Die Zauberflöte, pour être inséré dans une représentation du Barbiere di Siviglia de Giovanni Paisiello qui n’eut pas lieu. Une page qui, de toute évidence, est faite pour que la cantatrice montre toutes les facettes de son art et de ses possibilités expressives. La Blonde de Die Entfühung est piquante et mutine, la Sandrina, fausse jardinière, se métamorphose avec tendresse en tourterelle attendant son mâle, Madame Herz, l’une des deux cantatrices rivales du Schauspieldirektor, personnifie en un charmant second degré une héroïne en proie aux affres de la séparation, et la douceur de Servilia dans La Clemenza di Tito, qui s’épanche en un air d’une chaste pureté, contraste avec le trouble et l’agitation auxquels est en proie la Celia de Lucio Silla. On sent encore, chez la jeune musicienne, un brin de timidité, mais ce soin de la ligne vocale et de la justesse du sentiment si précieux dans ce répertoire est indéniable, et d’autant plus louable que l’interprète, dans chaque partition de Mozart, est particulièrement exposé.

A la tête de l’Orchestre de chambre de Bâle, formation sur instruments modernes qui ne manque ni d’homogénéité ni de vigueur, Umberto Benedetti Michelangeli se montre un accompagnateur attentif, accusant une certaine raideur dans les passages les plus vifs mais laissant le lyrisme s’épanouir avec naturel.

Regula Mühlemann possède l’étoffe d’une vraie mozartienne. Nul doute que les mélomanes observeront avec intérêt sa Servilia de La Clemenza en juillet prochain à Baden Baden, sous la baguette de Yannick Nézet-Seguin. Ce premier disque les aidera à patienter.

Michel Parouty
Titulaire d’une licence de lettres modernes, d’un Diplôme d’Etudes Supérieures de Philosophie et de deux certificats de musicologie, Michel Parouty commence sa carrière de journaliste en 1979, tant dans des revues spécialisées que dans la presse quotidienne en France (Opéra International, Diapason, Les Echos) et à l’étranger (La Tribune de Genève, le Record Geijutsu de Tokyo). Parallèlement à son activité dans la presse écrite, il travaille à la télévision (France Supervision, programme 16/9 d’Antenne 2) et à la radio (Radio classique, France Musique). Il collabore aujourd’hui régulièrement au magazine Opéra Magazine et Lionel Esparza l’invite fréquemment dans le Classic Club de France Musique. Il est par ailleurs l’auteur de plusieurs ouvrages dont La Traviata/Vivre avec Violette (Editions 1001 Nuits), Les Temples de l’opéra (avec Thierry Beauvert) et Mozart aimé des Dieux, ces deux derniers publiés dans la collection Gallimard Découvertes.

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